EN CONCLUSION

Que retenir de Brocéliande ? Si Comper et Le Val sans Retourse sont démarqués du reste des sites, il n’en demeure pas moins que ce qui m’a sans doute le plus plu n’est autre que la forêt elle-même. Peut-être est-ce dû à ma nature de romantique-mélancolique... Mais voir ce superbe navire de verdure s’étendre à perte de vue, au corps mouvant, serviteur silencieux des gémissements du vent, m’a profondément marqué. Cette forêt si touristique, et pourtant si sauvage, représente parfaitement la Bretagne actuelle : un havre de paix, un berceau de légendes et de brumes épaisses dans lesquelles on peut encore percevoir les sons des batailles épiques du temps jadis. Mais aussi, elle permet de découvrir la nature profonde de l’homme. Qui n’a pas entendu parler du projet d’inondation d’une partie du Val-sans-retour, en vue de la construction d’un barrage ? Les choses semblent s’être calmées de ce côté-là, mais lorsqu’on entend des trucs comme ça, on ne peut s’empêcher de souhaiter tous les malheurs du monde à de tels gens, dont l’âme d’enfant a depuis longtemps disparu derrière une montagne de stupidité que n’ébranle pas le moindre scrupule.
Pour finir, laissez-moi vous conter une anecdote : alors que nous visitions une superbe église bretonne, (la seule chose d’utile et de jolie dans la religion catholique), perdue dans un petit bourg sauvage, une voix rauque, ponctuée de toussotements, se fit entendre derrière nous. Il s’agissait d’un vieil homme, casquette vissée sur le crâne et clope au bec (sans doute la cause principale de ses problèmes de gorge et de poumons) qui, après une brève hésitation de notre part, tendit son doigt vers la voûte de la nef et ajouta : " Vous voulez monter ? "
C’est ainsi qu’il nous amena jusqu’à une petite porte close, donnant sur la tour menant au clocher. Nous étions heureux comme des mômes, aucun de nous n’ayant jamais eu l’occasion de monter au sommet d’un clocher. Lorsque nous nous retournâmes pour remercier le vieillard avant de grimper, il n’était déjà plus là. Au sommet, en ce jour si agréable et doux, nous aperçûmes le vieil homme, minuscule, dans une petite ruelle en contrebas. Il semblait observer notre joie d’un regard lumineux. Juste le temps pour nous de le remercier en levant les bras et il disparut pour de bon. Malgré nos efforts, nous ne le revîmes plus jamais par la suite.

Y’a des jours, comme ça, on se mettrait presque à rêver...


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