Le Val-sans-retour



 

Pendant un moment, j’ai crû qu’il se nommait ainsi parce qu’on ne pouvait l’atteindre. Et à partir du moment où il n’est pas possible d’y aller, il va sans dire qu’on ne peut en revenir non plus.

Eh oui, bienvenu au Val-sans-retour !! Le seul endroit dont on ne revient pas parce qu’on ne peut pas y aller !

— On l’a déjà loupé une fois, les enfants, faudrait pas que ça se reproduise. Soyez vigilants !! " — Oui, chef ! " — Oh, là, un panneau indicateur, chef ! " — C’est bien mon petit, t’auras droit à un autre verre de cidre. "

C’est avec un certain soulagement, teinté d’une petite dose de fierté (pour notre sens de l’orientation digne d’Indiana Jones) que nous accueillîmes enfin le parking du Val-sans-retour. Eh oui, bienvenu au Val-sans-retour !! Le seul endroit dont on ne revient pas parce qu’on ne se souvient plus comment on a fait pour y aller ! " Chargés comme des bourriques, avec appareils et camescope, il nous fallut crapahuter un petit moment sous un soleil de plomb avant d’atteindre ce qui allait nous faire oublier notre déception de l’étape précédente.

Mais fichez la paix à Merlin ! Il vous a rien fait !

Du haut d’un promontoire de roches pourpres, nous pûmes à loisir contempler l’étrange spectacle que nous offrait la dernière demeure de la fée Morgane (qui, " trahie par Guyomard à qui elle avait donné son cœur ", fit de ce lieu un piège pour les amants infidèles ). Alors du Val sans retour château, jardin, murailles, gardiens de dragons, enchantements, tout disparut grâce à la vertu de Lancelot, le chevalier sans reproche à l’égard de sa mie. " Les couleurs multiples de la végétation s’entremêlaient en de superbes arabesques accentuées par d’étranges arbres morts.

En contrebas siégeait l’Arbre d’Or du peintre François Davin, symbole de l’esprit de la forêt renaissant de ses cendres (suite à l’incendie de 89 dont Brocéliande garde encore les cicatrices) tel l’oiseau mythique de feu, le Phénix, arpenteur des volcans. L’arbre peint en or, posé sur un pavement de schistes rouges et entouré de deux troncs noirs et tordus, semblait là depuis une éternité. Un profond sentiment de bien-être et de rêverie se dégageait du Val, dont le Miroir aux Fées, l’Hôtié de Viviane, le dédale de la vallée des Portes faisaient partie. Pourquoi une telle différence de sentiments entre cet endroit et le tombeau de l’Enchanteur ? Nul ne le saura jamais.

Par-delà les landes pourpres et dorées, j’entends encore dans le vent les clameurs des pauvres amants égarés...

 

IntroductionComperLe Tombeau de MerlinLe Val-sans-retourLa Fontaine de JouvenceConclusion