Les Révélations de Glaaki....

 

 

Nous sommes saisis de nombreuses « révélations », pleines d’enthousiasme et de conviction. Pour commencer, un article que nous adresse Christian Martin, le fanéditeur Québecois de TEMPS-TÔT. Un document intéressant, car il nous fait toucher du doigt, de façon simple et avec modestie, un des grands enseignements de l’occultisme...

 

Vibrations, Vibrations,

Tout est Vibrations

 

(Réflexion personnelle)

   

I1 y a déjà un moment que cette idée fait son chemin dans ma tête. Drôle de parcours. Et pourtant, tout à fait logique, pour moi (je le répète, la réflexion est personnelle).

Je me rappelle avoir songé au son et à la lumière, au départ. Le son, la parole: la formation d’une vibration dans l’air. La lumière, aussi une vibration. C’est d’ailleurs facile à prouver: nous pouvons mesurer la fréquence de l’un comme de l’autre et l’insérer dans le spectre (cf. le cours de base de physique). Et puisqu’une fréquence est «un certain nombre de vibrations dans le temps». .

Son et lumière, c’est indéniable, sont vibrations. Mais qu’en est-il de la matière dense: le corps humain, une pierre, une fleur, la Terre? Et qu’en est-il des sentiments, des pensées, de l’âme, de l’esprit ? La matière dense pourrait-elle être la même énergie que l’esprit, mais condensée, vibrant infiniment plus lentement?

« Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas . » Voilà une citation que répétait fréquemment Omraam Mikhaël Aïvanhov. Une des clés des mystères, à mon avis. Et qui, m’aiguilla dans ma réflexion. Je songeai à l’eau et me rappelai mon cours de chimie du secondaire avec ses molécules et leurs vibrations... Le taux vibratoire moléculaire!

De l’eau, c’est toujours de l’eau, sous forme de glace ou de vapeur. La preuve, on réchauffe la glace et on condense la vapeur et on retrouve de l’eau. Mais de l’eau gelée change d‘état. Les molécules se serrent les unes contres les autres et vibrent lentement (vibrations!). Quant à la vapeur, ses molécules d’eau sont éloignées les unes des autres et, excitée par la chaleur, vibrent rapidement.

De là à faire un rapprochement... Dans l’homme, la glace pourrait être son corps, l’eau ses émotions/sentiments et la vapeur ses pensées. Plus fort encore: glace=corps, eau=âme,vapeur=esprit (notez la trilogie).

Pour moi, cette analogie démontre bien qu’il s’agit de la même énergie de départ (l’esprit), de la même essence, si on veut, dans différents états, à différents taux vibratoires.

Voilà pour ma petite démonstration personnelle qui m’amène à croire que tout part d’un Principe unique, d’une seule énergie qui, dans différents états, à divers points de condensation, donne la vie dans le visible et dans ce qu’on appelle communément l’invisible.

 

Mais allons un peu plus loin et parlons un peu de la conscience humaine. Je crois que personne ne réfutera l’affirmation suivante: «L’homme est une créature consciente». Je veux dire «aware of itself». L’ennui, pour la plupart d’entre nous, c’est que nous plaçons notre conscience dans la glace avec quelques excursions périodiques dans l’eau.

Omraam disait souvent: « Soyez conscients, élevez votre taux vibratoire, montez sur la montagne». Bref, placez votre conscience dans la vapeur, dans l’esprit. Là, disait-il, rien le peut vous troubler. Pas bête. Ça prend une sacrée inondation pour submerger un haut sommet.

Si tout est vibration, il devrait donc être possible d’élever consciemment notre taux vibratoire, tant physique qu’émotionnel ou mental. Ça me paraît logique. Et on dit que la prière, la méditation, la visualisation sont des sources de chaleur éprouvées pour transformer la glace en vapeur.. Quand je songe à certains saints, comme Thérèse d’Avila qu’on surprenait parfois en pleine lévitation, à des Yogis hindous, certains Maîtres et Initiés, je ne peux honnêtement réfuter cette affirmation. Ces voies semblent en effet receler une efficacité certaine. Et puisque la conscience christique de Jésus nous a elle-même invité à suivre son exemple, c’est qu’il est possible, à mon sens, d’y parvenir, à cette conscience christique, à cet état de vapeur...

 

Une fois cet état de conscience atteint, il n’y a plus aucun obstacle à faire des miracles. Car, qu’est-ce qu’un miracle, sinon le produit d’une connaissance hors de portée du commun des mortels? Comme une lampe-torche pour l’homme du Neandertal.

En partant du principe que tout est vibration, que tout existe déjà sous une forme ou une autre, que tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, le miracle de la multiplication des pains et des poissons de l’évangile n’a plus rien de mystérieux ou de grandiose. S’il est possible de monter son taux vibratoire à la conscience christique, je ne vois pas quel problème il pourrait y avoir à «condenser» ce qui existe déjà dans l’éther (la vapeur). C’est comme faire de la glace à partir de la vapeur. Il suffit de ralentir le taux vibratoire.

Le même principe est en action lors de la promenade sur les eaux (voir aussi Illusions de Richard Bach, à ce sujet) ou lors des guérisons des malades (voir Chemins de ce Temps-là d’Anne et Daniel Meurois-Givaudan).

Pour le premier, il suffit d’élever le taux vibratoire du corps, ou de condenser celui de l’eau

Pour le deuxième, il suffit de savoir que chaque organe sain dans un corps émet une vibration particulière, une note juste. En cas de maladie, la note est fausse. Il existait, à l’époque de Jésus, des techniques de guérison par le chant, c’est-à-dire, par la voix et l’émission de la note juste, on pouvait modifier le taux vibratoire de l’organe en question

Vibrations, vibrations, tout est vibrations  On dit vibrer à un poème, une musique, un tableau. De la même façon on vibre à l’amour, à la haine, aux sentiments et émotions. On les ressent, donc on vibre à un certain niveau. Ainsi, vibre-t-on aussi aux pensées; les nôtres et celles d’autrui. Combien de fois reçoit-on un appel, une visite, d’une personne à laquelle l’on pensait spécialement dans la journée? Hasard? Ha ! Pas pour moi! Télépathie, communion de pensées, oui ! Vibrations mentales, comme la parole est une série de vibrations dans l’air. C’est tellement logique! Enfin, pour moi

 

Je tiens à préciser, en terminant, que cet « article» a été écrit dans un souci de partage et non de «prêchage». Je voulais vous proposer les grandes lignes d’un parcours intellectuel personnel qui m’amène à expliquer sommairement des phénomènes qui passent bien souvent comme mystérieux, voire impossibles... De cette démarche, vous en faites comme bon vous semble.

 

Christian Martin ©



 

Place maintenant à Serge Le Guyader avec une réflexion authentiquement maçonnique.

 

Labyrinthe et Temple de Salomon

ou

le sens du parcours initiatique

 

 

                 Tandis qu'à quelques encablures temporelles d'ici, la grande presse publie un nouveau dossier sur la franc-maçonnerie (voir Science et Avenir, mars 1995, le dossier intitulé "Le mystère des bâtisseurs : Des maçons, aux francs-maçons"), une nouvelle occasion nous est offerte aujourd'hui, d'ouvrir une réflexion sur l'un des thèmes les plus importants et les plus fondamentaux de tout ordre initiatique, je veux parler du rapport qu'il peut y avoir entre la symbolique du Temple de Salomon et celle du labyrinthe. Il s'agit bien sûr du concept de Labyrinthe, avec un grand L, qui émerveille tant les pèlerins et les visiteurs de nos cathédrales depuis des siècles et en particulier ceux qui ont eu l'occasion de se rendre à Chartres. Dans la pratique, il vaut d'ailleurs mieux parler des labyrinthes plutôt que du labyrinthe, car les figures géométriques ainsi appelées sont assez diverses et variées. Il n'y pas un labyrinthe, mais plusieurs. Mais tous recouvrent un même concept, et sont l'expression visuelle d'une même idée, comme on va le voir plus loin. Selon les lieux, ou les sites, le dessin est de forme circulaire ou de forme polygonale généralement octogonal, mais parfois aussi, carré. Voici quelques exemples propres à illustrer les singularités rencontrées dans certains édifices religieux :                                                                                                                                                                                             

- le pavage de Chartres : circonvolutions circulaires (diamètre 12,87m) avec au centre une fleur (de lotus ?) à 6 pétales; c'est le plus célèbre  de tous les labyrinthes, celui qui est connu du monde entier à travers les revues et les cartes postales.

- les pavages de St-Quentin et d'Amiens sont identiques : circonvolutions octogonales, l'ensemble est entouré d'un damier noir et blanc. Au centre, un octogone noir. Ils sont du même type que le labyrinthe islamique dit en "kûfi" où sont inscrits les noms d'Allah et des compagnons de Mahomet.

- le pavage de Reims en carré avec quatre coins octogonaux où se trouvent les effigies des maîtres d'oeuvre. Au centre, le grand maître d'ouvrage, l'archevêque Humbert.

- le pavage carré de la basilique de San Reparatus trouvé à El-Easnam (Orléanville en Algérie) est peut-être le plus ancien des labyrinthes connus dans un édifice chrétien; actuellement conservé dans la cathédrale d'Alger. Basé sur le nombre mystique 13, il ressemble au carré magique des mages et des mathématiciens.

- enfin, on ne peut oublier le labyrinthe de Villard de Honnecourt (qui a donné son nom à la prestigieuse Loge Nationale de Recherche de la GLNF) dessiné par le  célèbre architecte picard sur son cahier de notes et qui ressemble à une éplure (image en miroir) du labyrinthe de Chartres, mais sans le motif central ni la bordure de celui-ci (unique en son genre); d'aucuns y voient  un symbole d'abondance. La chose n'est pas évidente, mais une certaine symbolique architecturale semble confirmer cela.  A titre indicatif signalons aussi pour les amateurs de mathématiques que cette bordure fait penser aux courbes appelées fractales si à la mode depuis le développement des moyens de calcul informatiques. Impossible à tracer à la main de manière exacte, sauf pour le démarrage, ces courbes ou ces surfaces très étranges représentent des dessins de frises répétitifs à l'infini avec pour motif de base  une étoile des neiges ou des images de kaléidoscope ou toute autre dessin de feuille très dentellée. L'aspect itératif et le fait que les points des  courbes soient des nombres fractionnaires ou irrationnels, voire même transcendants, fait penser à ce que j'appellerais le tissu de la matière, ou encore la trame énergétique de l'espace géométrique. Parmi les très nombreux objets fractals complexes que l'on peut imaginer, citons à titre d'exemple l'ensemble de Mandelbrot et l'ensemble de Julia. En les voyant se dessiner sur un écran d'ordinateur, on pense déjà au fantastique au-delà de l'esprit et aux structures insaisibles des images de synthèse.

 

                Ces labyrinthes dont la presque totalité de nos cathédrales conserve un tracé sur leur dallage sont sans aucun doute d'une richesse symbolique et esthétique inépuisables. Si certains historiens aujourd'hui estiment  qu'ils nous ont été transmis par les érudits juifs et arabes de la fin du premier millénaire, il n'en demeure pas moins que la légende en situe l'archétype dans le palais crétois de Minos où était enfermé le Minotaure, et dont Thésée ne put sortir qu'en suivant le fil d'Ariane.  Notons d'ailleurs que le mot dédale vient justement du nom de l'architecte, constructeur du labyrinthe de Crète, où, toujours selon la légende, il fut quelques temps retenu prisonnier avec son fils Icare, et qui devint au Moyen Age un modèle pour tous les constructeurs. Mais je laisse aux férus d'histoire médiévale le soin de nous éclairer davantage sur les controverses historiques concernant l'apparition des labyrinthes dans l'architecture gothique du Moyen Age européen, n'ayant moi-même aucune compétence en cette matière.

 

                Au niveau symbolique le Labyrinthe constitue une représentation géométrique et populaire, pourrait-on dire, du chemin difficile et sinueux que doit suivre celui qui veut arriver en son centre, là où le cherchant sera transfiguré par la découverte de la Lumière. Il s'agit bien sûr du chemin intérieur qui mène au célèbre connais toi toi-même et à la Parole Cachée. C'est ce parcours initiatique, ou si l'on préfère, le voyage initiatique auquel  nous invite le Labyrinthe. Ce parcours semé d'embûches, où se perdent dans des circonvolutions inextricables ceux qui ne sont pas qualifiés. D'ailleurs on trouve pratiquement dans toutes les grandes religions de l'histoire, de l'Egypte antique à l'ancienne mystique chrétienne en passant par l'Islam, un intérêt certain pour  le rite  circumambulatoire, permettant d'accéder au sanctum sanctorum et de découvrir ainsi la mécanique du monde. Druides et alchimistes ont également leur symbolique du Labyrinthe dont l'objectif est de mener à la transfiguration de l'Ego ou mort du Minotaure, i.e. à la mort de la bête qui est en l'homme, afin, comme le dit une parole divine dans la Bible, que "Mon Esprit ne soit plus avili dans la chair". On en arrive donc tout naturellement au Temple de l'Esprit, et partant, à la réintégration, à la reconstruction, à la redécouverte du SOI, de sa Source Primordiale. Au sujet de cette recherche du SOI, il est intéressant d'ouvrir une brêve parenthèse en citant un ouvrage remarquable et quelque peu oublié aujourd'hui, mais qui eut un vif succès au moment de sa parution : il s'agit du livre de Paul Brunton intitulé "La Sagesse du Moi Suprême", publié chez Payot en 1958. On y trouve, à travers l'esprit du Yoga, toute la philosophie qui mène au coeur du labyrinthe.

 

                Pour les bâtisseurs, dès l'époque romane la question de la forme et des dimensions du temple se pose en termes d'architecture religieuse : comment édifier la maison de Dieu ? Quelles proportions doit avoir la maison de prière ? Une inscription ancienne sur un fragment du temple de Ramsès II indiquait que "le temple est comme le ciel dans toutes ses proportions". Or comment savoir les proportions du ciel ? La réponse est donnée dans plusieurs textes bibliques et notamment par Saint-Paul aux Corinthiens : " Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ?"  ou encore  "Ignorez-vous que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? ". Nous voilà revenus à l'homme. Entre Dieu et les hommes, il y a Salomon. Les proportions et les mesures du temple sont celles du Temple de Salomon. D'ailleurs, sur de nombreux documents anciens, notamment moyenâgeux, on attribue au Labyrinthe la dénomination de "sceau de Salomon". Une illustration de cette constatation est faite  par le célèbre chimiste Marcelin Berthelot qui écrit dans sa "Grande Encyclopédie" :

               

                "Le Labyrinthe de Salomon est une figure cabalistique qui se trouve en tête de certains manuscrits alchimiques et qui fait partie des traditions magiques attribuées au nom de Salomon. C'est une série de cercles concentriques interrompus sur certains points de façon à former un trajet bizarre et inextricable".

 

               Pourquoi Salomon ? Pour les mêmes raisons que celles qui nous font nous souvenir de ce troisième Roi d'Israël considéré comme le patron des bâtisseurs. De même, pour les francs maçons, qui se considérent comme les héritiers du code moral et spirituel des bâtisseurs de cathédrale, la symbolique du Temple ne peut- être qu'intimement liée à celle du Labyrinthe. Cela est évident dans l'emprunt des divers outils auxquels ont été conférés une signification morale, pour ne pas dire métaphysique ou transcendantale. Les images de la truelle, de l'équerre, du compas, du niveau ou de la perpendiculaire, nous le rappellent en permanence. Les secrets du Temple de Salomon sont concomitants et complémentaires à ceux du Labyrinthe. Le message de ce dernier, offert à la vue du plus grand nombre, est destiné à inspirer au même titre que notre symbolisme propre, les étapes et les dangers du parcours initiatique.  Mais bien malin celui qui saura réellement en profiter. Ce message en effet est le fruit même de la connaissance ésotérique, et non une simple fantaisie de géomètre ou d'architecte en mal de symbolisme. Il contient en lui-même le principe, le début et la fin, donc la signification toute entière de notre quête. On remarquera d'ailleurs qu'en parcourant le labyrinthe, le cherchant se trouve tantôt tout proche de la Vérité (i.e. du centre), tantôt aux antipodes. Cela vient du principe circulaire de la quête. Au moment où l'on croit détenir la Vérité, le système, si l’on peut se permettre cette expression, nous en éloigne aussitôt comme pour nous indiquer que la perfection n'est pas encore atteinte et qu'il faut donc polir sa pierre à nouveau, et continuer sa recherche.

 

                Il certain que les labyrinthes furent construits par les fraternités de Compagnons ou par leurs prédécesseurs, et que ces "francs-maçons" du Moyen Age (la maçonnerie telle que nous la connaissons aujourd'hui n'étant apparue qu'au XVIIIè siècle) ont voulu établir au coeur même de ces temples de pierre, haut lieu de la spiritualité, que sont nos cathédrales, une marque synthétique, intemporelle et universelle, au- delà des cultures et des époques, capable en un seul symbole d'indiquer au croyant éveillé, ou sur la voie de l'éveil, le sens véritable de sa foi, et partant de sa quête.  Car dans le Labyrinthe, il y a presque tous les composants du Temple de Salomon et de la dynamique spirituelle qui le sous-tend.  On trouvera dans la littérature spécialisée de nombreuses discussions sur l'origine exacte ou la signification profane (exotérique) des labyrinthes qu'il ne m'appartient pas ici de développer , à une exception près : l'origine religieuse ou laïque du labyrinthe. Cette notion, en effet, éclaire directement les relations entre le labyrinthe et le Temple. La question de savoir pourquoi les labyrinthes ne sont apparus qu'au XIIè siècle sur les dallages de nos édifices gothiques reste posée. Viollet-le-Duc (restaurateur de Notre Dame de Paris et de la vieille ville de Carcassonne) a d'ailleurs tenté une explication dans son "Dictionnaire raisonné de l'Architecture Française" en leur attribuant une origine "maçonnique", en notant l'absence de tout signe religieux dans les dessins du labyrinthe; absence que l'on peut attribuer  selon lui aux architectes de ce temps qu'il qualifie de "maîtres de l'Ecole laïque". Cette signature  maçonnique ou compagnonique est peut-être corroborée par la présence des noms et des portraits des maîtres d'oeuvre (certes très stylisés) placés au centre de certains labyrinthes. C'est le cas des cathédrales de Reims et d'Amiens. Les corporations avait-elles donc déjà des engagements spéculatifs au sein du système religieux en place et pas seulement opératifs comme on le croit souvent ? Cela ne semble faire aucun doute. Quoiqu'il en soit et pour faire une comparaison avec la géométrie profane, on peut dire que le Temple de Salomon indique la structure de la voie de la réintégration dont le Pavé Mosaïque propose le moyen, tandis que le Labyrinthe indique le vecteur directionnel, et le sens du parcours. L'aspect planaire (figure à deux dimensions) du Labyrinthe n'est en fait qu'une illusion, car à l'instar de la construction, ou plutôt de la reconstruction du temple dans les trois dimensions spatiales (le 4è pilier invisible étant le temps) le chemin proposé par le Labyrinthe se déroule dans 4 dimensions. Mai il serait trop long de développer  davantage ici cette notion. Contentons nous simplement d'y faire allusion.       

 

                Encore un fois, comment ne pas voir le parallèle entre le chemin tortueux qui mènera le pénitent fidèle à la Rédemption de son âme et le tour de la loge semé d'embûches qui conduira l'initié à la lumière ?

                Mais le Labyrinthe donne aussi une mesure des étapes dans la voie de la réintégration, ce que ne fait pas directement  la symbolique du Temple, peut-être plus fonctionnelle (relation entre les parties) que "métrique". Bien que cette distinction soit contestée par certains exégètes, je pense que dans une première approche on peut y souscrire .

Par analogie on peut également rattacher le Labyrinthe au schéma ascensionnel de la Kundalini dans l'arbre séphirotique (qui représente les demeures sacrées ou centres d'énergie par lesquels passe la monté du feu divin), les circonvolutions du labyrinthe rappelant alors la structure intérieure de l'Homme et par extension celle de l'univers dont il est une image en réduction (macrocosme = microcosme, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas).

Enfin il clair aussi que le parcours du Labyrinthe, que ce soit physiquement ou mentalement, peut-être utilisé comme un "mandala" (dessin de méditation indien ou tibétain), invitant de ce fait à une méditation sur soi à l'instar du sigle V.I.T.R.I.O.L, bien connu des frères maçons.

Je n'ai pas abordé ici les origines étymologiques du mot labyrinthe. Laissant ce soin à d'autres plus qualifiés, je me contenterai de préciser que ce mot est parvenu au français, à travers le latin "labyrinthus", depuis le grec "labyrinthos" qui se trouve utilisé pour la première fois par Hérodote dans ses récits de voyage.  Mais comme le laisse entendre Plutarque, le mot labyrinthe pourrait bien venir de l'association de deux termes de grec ancien et signifierait : "la maison de l'autorité ".  S'agit-il d'une allusion au "Palais Royal" où le roi Minos aurait enfermé l'architecte Dédale, dans la tanière de la bête ? Métaphore, allégorie ou réalité physique ? Transposition symbolique d'un événement matériel, ou instruction spirituelle authentique ? Pourquoi pas les deux ? Pour nous, il ne fait aucun doute que la reconstruction du Temple passe inévitablement par l'itinéraire du Labyrinthe et les épeuves qui lui sont associées.

 

 

 

Serge F. Le Guyader ©  

 




 

Serge encore nous propose de découvrir un aspect peu connu du grand sage que fut Lanza del Vasto...

   

Lanza Del Vasto

et les Temps d’Apocalypse  


             En ces temps de Pâques où tout chrétien célèbre la résurrection de Jésus de Nazareth en Jésus -Christ, y-a-t-il meilleure occasion pour parler de l'un de ses lointains disciples que fût,  en plein 20è siècle,  Lanza Del Vasto, figure ô combien exceptionnelle de l'Occident et de l'Orient à la fois ? C'est donc en écho aux différents textes déjà publiés dans le précédent numéro de Florilège (n°78, mars 95), que je voudrais revenir sur Lui, le très dévoué serviteur des hommes et de Dieu, pour attirer l'attention du lecteur sur un aspect peu connu de son oeuvre et de ses idées.

                Nul ne contestera qu'en ce siècle finissant, qui coïncide avec la fin du second millénaire après la naissance de Jésus-Christ, notre civilisation soit à un tournant crucial de son histoire. Et bien qu'une guerre nucléaire entre les deux Grands soit désormais à jamais écartée, d'autres menaces tout aussi graves, pèsent, sur cette fragile humanité qui est la nôtre...et dont les tourments, loin d'avoir pris fin dans un idyllique et chimérique bonheur terrestre, ne cessent de grandir, partout et tout le temps. Notre civilisation est-elle donc parvenue en cette nouvelle "fin des Temps" [1] au bord de l'abîme, ou n'est-ce qu'une vision pessimiste et erronée de la réalité des choses qui changent sans cesse (voir sur ce sujet un texte de Micky Papoz et divers commentaires dans les n°25 et 27 du fanzine Chimères, c/o  Josiane Kiefer, 10, av. St-Rémy- esc.A4- 93200 Saint-Denis). A cette question angoissante, parce qu'elle nous concerne tous, pas seulement dans notre chair, ni dans le risque de mort physique, mais aussi dans notre esprit, de nombreux prophètes ont tenté de répondre, et cela depuis bien longtemps, anticipant sur les événements proches ou lointains, et même sur l'histoire toute entière de notre humanité. De l'Apocalypse de Saint-Jean, le plus célèbre d'entre eux, aux prophéties modernes de Dozulé, en passant par Notradamus et La Salette, la littérature religieuse et mystique regorge de textes prophétiques plus obscures les uns que les autres, mais qui tiennent le peuple en haleine et l'empêchent peut-être de sombrer dans un sommeil quasi-mortel. Mortel pour l'âme en tout cas ! Mais peu nombreux sont ceux qui ont essayé d'apporter, non pas une interprétation événementielle et souvent oiseuse de ces textes, mais plutôt  une explication plus intime des choses, plus proche peut-être de la réalité ultime et du sens caché de la nature humaine, en recherchant les causes profondes sur lesquelles sont fondées nos angoisses métaphysiques, et partant, notre besoin prophétique. Parmi ces auteurs, Lanza Del Vasto (1901 - 1981),  Shantidas (serviteur de paix), chrétien et disciple de Ghandi, constitue me semble-t-il, un exemple remarquable. Mon propos n'est pas ici de retracer la vie ou les idées de cet écrivain mystique moderne, que d'aucuns considèrent à juste titre comme un authentique philosophe des temps modernes, initié aux sources de l'Evangile et de la Non-violence. On parlait surtout de lui avant guerre, puis dans les années 40; souvent dans les années 50 et 60, et depuis... on l'a quelque peu oublié. Il est vrai qu'en 1981, l'année même de sa mort, l'homme aux pieds nus, le jeûneur exemplaire, obtiendra gain de cause dans son combat (commencé au Larzac en 1972) pour la non-violence, l'écologie et l'arrêt du nucléaire. Mais au-delà de ces aspects quelques peu "folkloriques" du personnage (que je respecte dans son intégralité), on peut montrer à quel point sa vision du monde, plus actuelle que jamais, nous serait du plus grand secours aujourd'hui, si nous nous donnions la peine d'y réfléchir quelque peu. En effet, grand poète, mais aussi précurseur d'un Nouvel Age qui tarde à venir il faut le reconnaître, le fondateur de la Communauté de l'Arche [2], bien injustement oublié de nos jours, et dont l'oeuvre imposante et originale éclaire tout croyant, est l'auteur d'un ouvrage que je considère comme fondamental et qui pourtant reste étrangement méconnu, je veux parler de son livre  "Les Quatre Fléaux" , publié chez Denoël en 1959. Dans cet ouvrage de la fin des années 50, période de guerre froide, de reconstruction économique de l'Europe et de l'expansionnisme soviétique, période aussi où la Science matérialiste triomphante, se répand sur toute la planète, Lanza del Vasto se place à contre courant des idées généralement admises à l'époque. Au lieu de d'encenser et de vénérer cette nouvelle trilogie que constitue la "Science-Technique-Industrie", réputée libérer l'homme de l'ignorance et de l'esclavage, il s'emploie au contraire à la dénoncer. Ce faisant, le Maître s'attaque à tellement gros que personne ne s'en rend vraiment compte. Bien avant les révolutionnaires gauchistes et anarchistes de tous poils, il dénonce l'indénonçable et révèle d'une certaine manière l'un des secrets les plus profonds de l'Apocalypse en s'attaquant au fondement même de notre civilisation industrielle, dont le complexe militaro-industriel mondial est peut-être la manifestation la plus apparente du XXè siècle.

 

                Misère, Servitude, Guerre et Sédition, rien n'a changé depuis 1945, sont encore aujourd'hui les quatre grands fléaux qui frappent l'humanité depuis le commencement des temps; cela, tout le monde le sait. On a oublié, ou l'on ne veut pas y croire, que l'origine de nos souffrances réside (très probablement) comme le rappelle Lanza del Vasto, dans le péché originel par lequel Adam et Eve voulurent s'approprier la Connaissance pour la jouissance et le profit. C'est-à-dire la Connaissance du Bien et du Mal. Je voudrais m'attacher ici à ce que dit l'auteur des "Principes et préceptes du retour à l'Evidence" sur les deux Bêtes de l'Apocalypse de Jean. C'est au premier chapitre de son ouvrage "Les Quatre Fléaux", Genèse des Fléaux et leur apocalypse, que le mystique aborde cette question, si controversée depuis des siècles par les différents exégètes, sur l'interprétation et la signification de La Bête qui monte de la Mer et de la Bête qui monte de la Terre.

 

                Souvenons-nous des paroles de l'Apocalypse de Jean concernant la première Bête :

 

<<Puis je vis monter de la mer une Bête qui avait dix cornes et sept têtes et sur ces cornes dix couronnes et sur ces têtes des noms de blasphèmes. (...)

Le Dragon lui donna sa puissance et son trône et une grande autorité.(...)

Il lui fut donné toute autorité sur les tribus, tous les peuples, toutes les langues et toutes les nations. (...)>>.

 

                Que dit alors le mystique du XXè siècle ?  Il écrit : 

 

<<la Bête qui monte de la Mer, c'est la Science de la Matière, monstre brillant d'écailles et tentaculaire>>. 

 

Ne voilà-t-il pas une remarque prophétique, une vision claire de ce que l'idéologie marxiste-léniniste n'a fait que confirmer pendant plus de cinquante ans sur le plan politique. L'homme, sans Dieu, adore la Bête et s'auto-détruit. Et pourtant, combien cette idée peut paraître choquante à bien des esprits. On parle ces jours-ci du transfert des cendres de Pierre et Marie Curie au Panthéon. Quelle étrange coïncidence ? Car en effet, et malheureusement, il y a un lien. Loin de moi l'idée d'attenter si peu que ce soit à la mémoire de ce couple si prestigieux qui a ouvert, avec d'autres, en ce début de notre XXè siècle l'ère nucléaire de l'humanité. Mais il est impossible d'écarter certaines interrogations. Quand la Recherche ne procède pas du désir légitime de lutter contre l'ignorance, n'est-elle pas l'expression inavouée d'un immense orgueil humain ? Et tout particulièrement son aspect le plus fantastique, à savoir la physique nucléaire et toute ce qui concerne la structure de la matière ? Cette Bête, la Science avec un grand S est vorace, arrogante, et demande toujours plus; elle se met au service des instincts et des appétits les plus bestiaux de l'homme.    N'est-ce pas en effet ce qu'on voit tous les jours ? C'est le Dragon (le Diable ?) qui lui donne sa puissance et non Dieu (voir à ce sujet mon article dans Florilège N°74). Cette libération que promet la Science est une fausse libération. Certes, elle augmente le confort, mais elle ne donne pas la liberté vraie.

 

<<La vérité scientifique  ne touche que la mesure et l'articulation des phénomènes [les apparences]. Indéfiniment extensible en surface, elle est à peu près nulle en profondeur. Elle ne pénètre rien, elle explique (déplier au dehors)...>>

 

 écrit le prophète. C'est bien  d'ailleurs ce que dénoncent depuis toujours les mystiques de tous les temps et de toutes les religions.  Et c'est pourquoi l'on peut lire aussi :

 

 << Et je vis une ses têtes blessée à mort mais la blessure mortelle guérit.>> 

 

  Il s'agit là selon Lanza Del Vasto de la Philosophie. Autrefois tête unique de la science, elle avait figure humaine et était sensée éclairer les hommes; elle portait le nom de Sagesse. Mais elle est bien oubliée aujourd'hui, car tous adorent la Bête en cette fin de millénaire, enfin, presque tous. C'est ce que prédit l'Apôtre Jean quand il écrit : 

 

<<Et tout le monde était dans l'admiration derrière la Bête.>> .

 

 En effet, tous admirent les exploits de l'astronautique qui a permis à l'homme d'aller sur la lune, ou ceux de la médecine qui ont fait de nous de véritables sorciers ou magiciens, mais également responsable de cette terrible bombe démographique suspendue au-dessus de nos têtes.  Tous aussi admirent les stupéfiants progrès de l'informatique capable bientôt d'asservir l'humanité entière si un sursaut salutaire ne vient pas nous réveiller à temps (c'est un informaticien qui vous parle !). Tous, nous adorons cette Science et son enfant, la Technique-industrie, engendrant  la consommation de masse, tant décriée par Marcuse dans les années 60/70, qui nous enrichit matériellement et nous appauvrit spirituellement ! Il suffit de regarder autour de soi. Le désarroi dans lequel se trouve l'homme de notre époque ne vient il pas précisément de tout cela, et de notre incapacité grandissante à maîtriser notre "progrès" ? Alors on revient à l'adage antique bien connu : science sans conscience, n'est que ruine de l'âme. Cette problématique comme on le voit est loin d'être nouvelle. Ce qui fait son importance aujourd'hui, c'est son ampleur. Et ce qui fait l'originalité de Lanza, c'est d'en avoir donné une interprétation biblique, confirmant ainsi le sens historique des écrits bibliques et la valeur eschatologique de l'Apocalypse et des Evangiles. C'est vrai, il faut le dire, nous sommes en pleine "Révélation", peut-être depuis le retour des "fils de Brutus" (apparition de la République). D'où l'importance mondiale de la révolution française basée sur le culte de la Raison (i.e. le rationalisme et du matérialisme) et le sens des attaques de la Science envers la foi et la pratique religieuse, qui d'ailleurs ne prouvent rien, mais trahissent l'esprit luciférien et démoniaque qui l'anime. Aux guerres modernes, aux famines, aux exclusions multiples, il faut opposer comme le fait notre mystique, non seulement l'ordre et la justice, mais surtout, l'amour du prochain et la compassion. Au sexe et à l'argent, moteurs du monde moderne, il faut opposer non pas le confort, mais la libération intérieure, d'où seule peut naître la liberté extérieure, et rechercher la solidarité entre les hommes. N'est-ce pas un peu ce qu'annonce Eliane Demazet dans son court poème "le 21è Siècle" (Florilège n°78) que voici :

 


                                Quand la folie des hommes 
                                Aura gagné 
                                Le Monde 
                                Alors  
                                Il n'y aura plus 
                                Que l'Amour 
                                Pour sauver 
                                Les Etoiles..." 

                Mais la Bête qui sort de la Mer n'est malheureusement pas la seule. L'Apôtre parle aussi d'une seconde Bête qui monte de la Terre :

           

               

                                << Puis je vis monter de la terre une autre Bête 
                                qui avait deux cornes comme celles d'un agneau 
                                et qui parlait comme un dragon
                                Elle exerçait toute l'autorité de la première Bête (...)
                                Elle opérait de grands prodiges jusqu'à faire 
                                descendre le feu du  ciel à la vue des hommes.
                                Et séduisait les habitants de la terre (...).
                                Le nom de la Bête est le nombre de son nom. (...) 
                                Que celui-là qui a de l'intelligence calcule le nombre de la Bête
                                car c'est un nombre d'homme et son nombre est 666.>>

   


Cette seconde Bête n'est autre pour Lanza Del Vasto que la Machine, dans les griffes de laquelle nous nous débattons présentement.  Elle n'a qu'une tête et ses cornes d'agneau sont des leurres. Très beaux leurres, certes, mais gare aux lendemains qui déchantent pour ceux qui ont mis tous leurs espoirs dans ce faux agneau de Dieu. A ceux qui s'imaginaient dans les années 50 que la mécanisation et l'automatisation à outrance pouvait être porteur d'avenir, à ceux qui voyaient dans la nouvelle civilisation matérialiste que le communisme sans Dieu prétendait mettre en place, Lanza dit combien ils se trompent. Tout nous montre aujourd'hui avec le recul comme il avait raison. La Machine, fille de la Science et la technique, témoin du "progrès" commence enfin à montrer en cette fin de siècle, son vrai visage. Mais en son nom, combien d'hommes ont été sacrifiés ? Combien de générations ont été anéanties et combien d'âmes on été perdues.  Il est vrai que Jésus parlant à ses disciples de la fin des temps qui doit venir et évoquant la Parousie qui la précéderait, affirmait que CELA devait se faire, en tout état de cause. Est-ce pour nous sortir définitivement de l'esclavage de la Matière où nous sommes englués depuis la Chute ? Cette immense alchimie collective aurait donc toute son utilité. Espérons-le ! Car si la Fin n'est toujours pas là, combien nous reste-t-il encore à souffrir et de quoi demain sera-t-il fait ? Pierre Souris se  pose lui aussi la question (comme beaucoup d'autres avant nous) au travers de ces quelques vers (Florilège N°78) que je reprends ici en hommage à sa vision des choses :              

   

                                "Demain 
                                Ce que sera demain Seigneur vous le savez 
                                Pour moi je vois partout le vieux monde qui meurt 
                                
Des Poissons ce dit-on l'ère touche à son terme 
                                Du Verseau point au ciel l'aurore universelle 
                                Mais quel renversement Seigneur nous reste à faire 
                                Est-ce un renversement des pôles ou de l'esprit 
                                Du temps de Nations que reste-t-il encore 
                                L'an 2000 s'avance au galop d'un cheval 
                                Est-ce celui tout noir de quelque Apocalypse 
                                Attention aux trois coups du rideau qui se lève 
                                Le premier sera-t-il celui de la bombe H 
                                Le second d'un trident d'une bombe orbitale 
                                Et le bouquet enfin l'ekpurosis finale 
  


                                                                               Dies irae Dies illa

                                                                              Teste David cum Sibylla"

 

                Pour conclure, provisoirement bien sûr, ce sujet, notons qu'en 1992, les Editions du Rocher publiaient un autre ouvrage du Maître en écho à celui dont nous venons de nous inspirer, intitulé "Les Quatre Piliers de la Paix". Dans celui-ci Lanza Del Vasto continue de nous éclairer sur le sens profond des choses, en particulier sur les menaces qui pèsent sur l'humanité et les moyens d'y parer. Mais combien d'hommes sont-ils capables d'entendre et peut-être d'écouter ce qu'il dit ? A l'heure où le chômage sévit plus que jamais, où la famine ravage une partie du Tiers Monde, où l'Amérique et l'Asie, sans grands scrupules, cherchent à subjuguer le monde de leur supériorité matérielle, y-a-t-il encore quelque place pour l'Amour, la douceur, la simplicité, la justice enfin ?

   


Serge Le Guyader ©

 

 

 


 


Malgré son exil australien, Adam Possamaï  reste très actif dans la small-press. Nous commencerons à publier dans notre prochain numéro des extraits de son mémoire sur la théosophie. Et en attendant, il nous livre une étude sur un sujet clef de la réflexion ésotérique....

 

 

La Pensée Magique.

 

 

                                Mon amie, n'ayez pas peur de me recevoir!

                                Je m'amène chez vous sans m'en rendre compte.

                                Je compte les jours de notre amour.

                                Je viens chasser les mensonges de l'existence.

                                Je suis ici pour couper les ailes de la raison.

                                Recevez-moi...

(Frédéric Leclercq)

 

 

1 - Introduction.

 

                Marqués par le positivisme et le scientisme, les anthropologues lorsqu'ils ont interprété la pensée magique des cultures animistes, l'ont directemement associée à un retard sur l'échelle de la sacro-sainte évolution[3]. La magie serait par conséquent sortie des cavernes, pour engendrer ensuite la religion, puis la philosophie et finalement la science. Selon ces scientifiques, la magie serait une forme primitive de la pensée et serait inférieure à la pensée logique.

                Cette forme de pensée rationnelle a permis au monde occidental de dominer physiquement et symboliquement le monde entier. Le modèle occidental s'est institué comme un exemple à suivre par les pays en voie de développement parce qu'il serait l'aboutissement d'une évolution de la pensée qui aurait commencée avec l'élaboration des peintures rupestres. Cette logique, cette science, a engendrée un logocentrisme [4] -pour reprendre le philosophe Derrida- qui "tyrannise" d'une main draconienne. Ce logocentrisme, qui est l'omnipotence de la raison, pense détenir la vérité avec un grand "V" arrogant. Et ce "V" marginalise et occlut d'autres formes de pensée qui s'exclament détenir également leur part de vérité. Il occlut car il est peut enclin à regarder plus loin que le bout de son nez raisonnant. Il marginalise parce qu'il ferme toutes les portes d'entrée aux tenants d'autres formes de pensée qui sont en désaccord avec la pure logique. Au mieux, les remarques de ces derniers ne seront pas prises en compte sérieusement par le corps scientifique, au pire, elles seront considérées comme "hérétiques".

                En ce sens, l'ethnologue Lucien Lévy-Bruhl considère la pensée magique comme une pensée pré-logique, radicalement différente de la mentalité moderne et s'opposant à elle [5]. Les défenseurs de cette théorie admettent qu'elle subsisterait de nos jours dans nos villes et campagnes, en tant que sorcellerie, occultisme ou ésotérisme, mais qu'elle n'est que superstition et ne se rencontrerait surtout que parmi les classes populaires et paysannes.

                La critique majeure que ces scientifiques ont énoncée est que la pensée "primitive" utilise l'analogie et élabore des correspondances (v. infra) entre des objets qui n'ont en fait aucunes corrélations -au sens statistique du terme- entre eux. Mais peut-on vraiment comparer la pensée logique avec la pensée magique, et étudier cette pensée "primitive" selon la rationalité objective scientifique, et non selon la rationalité subjective de ceux qui l'utilisent, c'est-à-dire selon leur propre logique? Si l'homme archaïque ou l'ésotériste adhère à des idées ou des croyances qui paraissent extravagantes, fausses ou non fondées, c'est probablement qu'il a de bonnes raisons de le faire, -celles-ci étant relatives à une situation historico-culturelle particulière et ne valant qu'à l'intérieur de ce contexte-[6].

 

 

 

 2 - La pensée magique ou la pensée alogique.

 

                Des auteurs comme Alexandrian [7] et Riffard [8] tentent de démontrer que la pensée magique est un invariant anthropologique. Ils citent tout deux Piaget qui a démontré que l'enfant entre deux et cinq ans se sert de celle-ci pour évoluer dans son nouveau monde. On retrouverait également ce type de pensée dans les névroses obsessionnelles et dans les psychoses de certains de nos contemporains. Le poète (v.infra) utiliserait également la même tournure d'esprit lorsqu'il se plonge dans ses vers. L'article de l'anthropologue Shweder [9] tend même à démontrer que, dans la vie courante, on utilise souvent la pensée magique pour appréhender le réel et que s'astreindre à utiliser la pensée scientifique et rigoureuse à chaque moment de sa vie est une utopie.

                Depuis qu'on a découvert que le cerveau est supposé être composé de deux hémisphères capables de fonctionner séparément [10], les a priori changent peu à peu. De plus en plus, on considère le cerveau droit comme l'endroit où l'on y rencontrerait l'instinct, la fantaisie, les rêves et les perceptions holistiques de l'homme. Tandis que le cerveau gauche hébergerait la raison, contrôlerait le langage, additionnerait, soustrairait, mesurerait, compartimenterait et organiserait. Il serait, selon la littérature, prédominant chez la plupart des occidentaux. Mais le tout n'est pas de faire une découverte scientifique qui va révolutionner le monde, il faut qu'elle soit acceptée et valorisée socialement pour que tout en chacun intériorise cum lacte [11] une nouvelle conception, une nouvelle idéologie. Et c'est parce que le monde occidental ne se voit plus comme l'aboutissement d'une soit-disante évolution de Darwin -en raison de l'actuelle crise structurelle qui change les mentalités de tout en chacun-, que le monde intellectuel commence à ne plus considérer l'homme archaïque comme un sauvage et l'ésotérologue comme un "allumé" -qui utilisent tout deux de manière prédominante la pensée magique-, mais comme des interlocuteurs qui ont beaucoup à nous apprendre.

                L'anthropologue Forrest qui étudie le milieu des médiums et des clairvoyants ne parle pas de la pensée "primitive", magique ou pré-logique pour les décrire, mais de la pensée alogique qui "est utilisée activement dans le dessein de s'approprier des connaissances ou d'atteindre des objectifs. La pensée alogique est un courant de perceptions sensorielles ordonnées, consistant en des images, des mots, des sensations de toucher ou de goût, ou de réponses émotionnelles. Cette forme de pensée n'est pas ordonnée de la même manière que l'est la pensée logique, mais suit son propre jeu de règles complexes. C'est associatif et intuitif plutôt qu'être une procédure pas-à-pas; synergique plutôt que sérielle. Pourtant, elle n'est ni illogique et ni irrationnelle et elle peut être utilisée d'une manière controlée."[12]

 

 


3 - La connaissance par intuition et les correspondances.

 

                Cette pensée magique ou alogique recèle, selon Alexandrian [13], deux principes indissociables et fonctionnent en totale symbiose: la connaissance par intuition et le raisonnement analogique, c'est-à-dire l'intuitif et l'associatif selon Forrest Burk (v. supra).

 

                3.1. - La connaissance par intuition est obtenue par d'autres moyens que par la connaissance scientifique. L'intuition, en philosophie, est le moyen d'obtenir une connaissance que ne peut pas atteindre l'inférence ou l'observation. En raison de cela, l'intuition est considérée comme une source originale et indépendante de connaissance et est désignée pour rendre raison à toutes sortes de cognitions dont les sources rationnelles ne peuvent pas rendre compte. Platon décrivait l'intuition sous le nom poétique de: "l'oeil de l'âme", les soufis sous celui de "l'oeil du coeur". Le philosophe Spinoza (1632-77) l'appelait la scientia intuitiva, qui signifie une perception instantanée d'un tout par une unique action mentale. Alors que la connaissance scientifique utilise un processus linéaire et rigoureux qui permet de suivre et de comprendre chaque étape du raisonnement (A conduit à B puis à C...), la connaissance intuitive n'utilise pas un processus linéaire et relie A à Z d'un seul coup, de manière synergique. D'ailleurs, Henri Poincaré se demandait si "un naturaliste qui n'aurait jamais étudié l'éléphant qu'au microscope croirait-il connaître suffisamment cet animal?" Le processus globalisant observera l'éléphant -l'animal même- et non quelques unes de ses parties anatomiques.

                Philip Freund [14] en étudiant la théorie de Jung sur l'esprit de l'homme archaïque écrit que: "(Cet esprit) est beaucoup moins développé que le nôtre, tant en étendue qu'en intensité. Des fonctions telles que la volonté et la faculté de penser ne se détachent pas encore nettement; elles sont préconscientes, c'est-à-dire que le sauvage ne pense pas consciemment, mais que les pensées lui apparaissent. Il ne peut pas dire qu'il pense; c'est plutôt quelque chose qui pense en lui. La spontanéité de la réflexion ne se situe donc pas dans une perception directe, mais elle fait encore partie de son inconscient." Ce qu'il décrit est bien entendu l'intuition qu'il refuse d'admettre comme un équivalent à la raison, et de ce fait la dénigre. Cet exemple tient à montrer non seulement l'arrogance de certains de nos contemporains, mais il tient également à faire remarquer que l'intuitif chez l'homme archaïque, et chez tout un chacun, ne construit pas son nid dans le conscient, mais dans l'inconscient: "les idées lui apparaissent". Jung voyait en l'intuition, "une perception de relations via l'inconscient"[15]. Sous cette définition, il décrivait des opérations d'une nature fort complexe que la raison a difficile à suivre.

                L'intuition est un outil qui doit se développer. Quand Shewder[16] déclare que celle-ci ne nécessite pas d'effort conscient ou de réflexion, il a raison mais seulement parce que l'intuition a surtout besoin d'un effort inconscient. C'est-à-dire que si on veut développer l'intuition, il faut s'entraîner, par exemple, à développer la perception et la compréhension des symboles qui nourrissent le travail intuitif et inconscient. Des méthodes sont offertes par des religions orientales et par la littérature ésotérique, mais leurs descriptions ne sont pas le propos de cet article.

 

                3.2. - Le raisonnement analogique établit des correspondances entre l'homme, la nature et l'univers. Il permettrait de déchiffrer des hiéroglyphes divins dans la nature ou de trouver la signature de Dieu dans des textes sacrés. Ces traces sont considérées comme des indices qui permettraient à ceux qui les découvrent et qui les comprennent de pouvoir se rapprocher du monde divin et d'y saisir les mystères cachés de l'existence. Ce raisonnement travaille avec des relations causales qui n'ont en elles-mêmes aucunes justifications objectives. Il trouve des similarités entre des phénomènes ou entre des mots, et celles-ci dénotent des vérités alogiques. En d'autres mots, ce raisonnement par analogie accepte que A influence B quant il y a une relation verbale ou une ressemblance physique entre A et B.

                Ce raisonnement est basé sur la seconde proposition de la Table d'émeraude d'Hermès Trismégiste: "Ce qui est inférieur est comme ce qui est supérieur, et ce qui est supérieur est comme ce qui est inférieur, pour perpétuer les miracles d'une chose unique."[17], et implique une vision moniste du monde qui justifierait l'existance de liens non logiques entre des éléments. Ce qui explique, par exemple, qu'on trouve en astrologie, que le signe du Capricorne est le correspondant de la planète Saturne, du métal plomb, de la couleur noir, ... alors qu'il n'y a aucunes corrélations statistiques entre tout ceci. La logique refusera de comparer des pommes et des poires, tandis que l'alogique ne se gênera pas pour déguster la macédoine de fruits qui en est issue.

                En fait, le raisonnement analogique est une forme d'herméneutique (c'est-à-dire d'interprétation) qui va soit porter sur des textes sacrés ou sur des traces laissées -ou qu'on croit laissées- par le divin dans la nature. Ainsi, la Théosophie  va interpréter des textes prophétiques ou révélés, des mythes fondateurs (par exemple le Pentateuque) ou des visions qu'ont tenté de décrire dans leurs propres mots des prophètes ou illuminés. La Pansophie, quant à elle, va tenter de découvrir les hiéroglyphes divins dans la nature. C'est-à-dire que dans les objects qui manifestent -ou qu'on croit qu'ils manifestent- une présence divine -c'est-à-dire des hiérophanies- l'herméneute va tenter d'expliquer la signification de ces objects sacrés.

                L'écrivain Colin Wilson remarque dans son ouvrage L'occulte[18] que le poète a des liens étroits avec la pensée alogique. C'est pourquoi le poème de Baudelaire, "Correspondances" qui s'applique à la Pansophie, explique en    d'autres termes ce raisonnement analogique:

 

                                La nature est un temple où de vivants piliers

                                Laissent parfois sortir de confuses paroles;

                                L'homme y passe à travers des forêts de symboles

                                Qui l'observent avec des regards familiers.

 

                                Comme de longs échos qui de loin se confondent

                                Dans une ténébreuse et profonde unité

                                Vaste comme la nuit et comme la clarté,

                                Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

               

                                Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,

                                Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

                                Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

 

                                Ayant l'expansion des choses infinies,

                                Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,

                                Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

 

                On retrouve également chez l'occultiste Eliphas Lévi deux dizains, publiés en 1845, qui s'intitulent également "Correspondances":

 

                                Rien n'est muet dans la nature

                                Pour qui sait en suivre les lois:

                                Les astres ont une écriture,

                                Les fleurs des champs ont une voix,

                                Verbe éclatant dans les nuits sombres,

                                Mots rigoureux comme des nombres,

                                Voix dont tout bruit n'est qu'un écho,

                                Et qui fait mouvoir tous les êtres,

                                Comme jadis le cri des prêtres

                                Faisait tressaillir Jéricho.

 

 

 

4 - L'exemple de la Cabale.

 

                Comme exemple, nous pouvons nous inspirer de l'article de Thierry Deluc sur la Cabale paru dans "Murmures d'Irem" n°0 qui correspond à la Théosophie. Les juifs mystiques pensaient que parce que le Pentateuque -les cinq premiers livres de la Bible- est si parfaitement écrit, qu'on peut retrouver derrière ses mots le message secret qu'aurait dévoilé Dieu à Moïse. "Les empreintes spirituelles occultées au sein des textes se manifestent dans les diverses combinaisons et sous les diverses formes que constituent les lettres" [19] du Pentateuque. Les interprétations du texte sacré consistent en un commentaire symbolique des passages du Livre, commentaire qui est basé sur une mise en équation des valeurs de chaque mot du texte. Chaque terme aurait une valeur numérique et sera comparé à un autre d'une même valeur pour établir des correspondances, on parle alors de la gématrie [20]. Les mystiques juifs vont donc dégager dialectiquement des correspondances entre ces mots "par leur méthode rhétorique et mathématique, même si des illuminations les aident à en saisir des symboles inévidents."[21] Et cette illumination ne peut être perçue et comprise que par l'intuition qui permettrait de saisir ces symboles inévidents que cite Alexandrian.

                L'idée fondamentale de la Cabale est donc de trouver le message de Dieu dans le Pentateuque en établissant des correspondances dans le Livre même, et ces correspondances, qui dévoilent des symboles inévidents, ne pourront être comprises, non pas par la raison, mais par l'intuition.

 

 

 

5 - L'utilisation religieuse de la pensée alogique.  


 

                Pierre Bourdieu [22], tout en interprétant la théorie de la religion selon Max Weber, note que "les intérêts magiques se distinguent des intérêts proprement religieux par leur caractère partiel et immédiat (...)". En fait, cette constation se réfère à une interprétation instrumentale de la pensée alogique, mais il existe une autre interprétation qui se réfère au concept d'illumination, et que beaucoup de sociologues ont négligé.

                Pour ceci, nous reprenons la typologie des cultes élaborée par Bruce Campbell [23], et nous l'adaptons pour notre propos.

 

                5.1. - La pensée alogique dans un but instrumental correspond à ce caractère partiel et immédiat mentionné supra. L'utilisateur de cette pensée se réfère à des techniques magiques pour les appliquer dans l'intra-mondain, c'est-à-dire qu'il veut obtenir un quelconque pouvoir pour s'en servir dans le monde de tous les jours. Il utilise ce qu'on appelle vulgairement "des formules magiques" dans le dessein de contrôler un pouvoir, une force, un mana qui lui permette de se protéger ou de dominer. Dans la littérature ésotérique, le concept d'"Ars brevis" s'applique à cette description.

                Continuons de prendre comme exemple la Cabale. Dans son souci d'interprétation, les mystiques recherchent les noms des Anges et des démons qui pullulent dans le royaume de Dieu. Des noms d'anges protecteurs vont, par exemple, être écrits sur des talismans dans le but de protéger son propriétaire contre ce qu'il perçoit être des agressions "magiques". On rencontre également ce genre de pratique instrumentale chez ces personnes qui dessinent "des pentacles magiques à côté d'invocations rituelles imprononçables, qui dérangent les esprits fragiles et suicident les désespérés" que décrit Thierry Deluc [24].

 

                5.2. - La pensée alogique peut être utilisée dans un but d'illumination et correspond à l'idée même du mysticisme. Comme Philippe Marlin[25] a souligné dans la revue Equinoxe: cette magie est généralement dénommée théurgie [26]. L'utilisateur de ce mode de pensée va essayer de découvrir une parcelle divine qui est en lui, et va tenter de l'exploiter pour transcender la réalité dans laquelle nous vivons -la maya pour reprendre un terme indien- et va tendre vers un dépassement de Soi. Ce type de pensée est utilisé pour accéder à l'extra-mondain, c'est-à-dire avec une volonté de transcender le monde de tous les jours. L'idée principale de ceci est de devenir un microtheos [27], un surhumain, un compagnon de Dieu. Et cela n'est possible qu'en découvrant la vérité hermétique, ésotérique, gnostique,... La théurgie est décrite par les ésotériques sous le vocable d'"Ars Magna".

                La Cabale, toujours selon Deluc, n'est pas qu'un simple ensemble de formules magiques, c'est surtout une richesse de symboles qui permettrait au cabaliste qui les étudie de passer d'une connaissance spéculative à une connaissance contemplative. La Cabale pourrait, toujours selon la littérature sur le sujet, aider le chercheur à s'illuminer grâce à la Gnose qu'elle renfermerait.

 

 

 

6 - Conclusion.

 

                L'idée à travers cet article est de montrer qu'il y a une autre forme de pensée que celle logique et qui mérite d'être étudiée beaucoup plus en profondeur. Mais pour cela, il ne s'agit pas de mettre au placard la pensée logique et de se concentrer uniquement sur la pensée alogique, ce qui provoquerait une nouvelle forme de pouvoir et de "tyrannie", totalement renversée et symétrique.

                Il est important de pouvoir trouver le moyen d'approfondir l'étude de la pensée logique et alogique, et ce dans une approche holistique. L'intuition sans raison mène à la superstition. La raison sans l'intuition mène au désenchantement. Il faudrait par conséquent les étudier comme deux formes de pensée qui vivent en parfaite symbiose, comme une forme de Yin et Yang, ou comme une coincidentia oppositorum [28].

                Il ne faut pas couper les ailes de la raison, comme le poème qui introduit l'article le met en vers. Mais il faut prendre le contrôle de l'oiseau pour diriger son vol vers un autre sens, celui de la compréhension de l'homme dans sa totalité, et non plus dans sa réductrice dualité: "homme civilisé" - "homme archaïque".

 

Adam Possamaï ©  

 


 

 


  <Suite>


 

 [1]

lpériode 1939-45 pouvant  être déjà considérée comme une "première" fin des Temps.  

[2]

 Toute information peut-être obtenue auprès de l'Association des Amis de Lanza del   Vasto,

 Communauté de l'Arche, La Borie Noble, 34650 Roqueredonde.

 

  [3]

 Comme le fait remarquer Marshall Sahlins: "Nous sommes les seuls qui pensent avoir évolué des  sauvages; tous les autres pensent descendre des dieux."

 

  [4]

  La science centrée sur elle-même.  

[5]

A la fin de sa vie, le chercheur avait renoncé à cette hypothèse.

 

[6]

Phrase inspirée de l'article de Sironneau Jean-Pierre  "Croyance et rationalité au regard de l 'anthropologie religieuse" Connexions 61, 1993-1, p.8.  

  [7]

Alexandrian, Histoire de la philosophie occulte, Editions Payot & Rivages, Paris, 1994,  pp.11-12.  
[8] Riffard Pierre A., L'ésotérisme, Robert Laffont, Paris, 1990, pp. 135-137.  
[9]  Shweder Richard A. "Likeness and Likelihood in everyday thought: magical thinking in  judgments about  personality" Current Anthropology, vol.18, n°4, December 1977, pp. 637-659.  
[10]  Ferguson Marilyn, Les enfants du verseau, pour un nouveau paradigme  Ed. Calmann- Lévy, Paris, 1980.  
[11]  "Avec le lait de la mère" disaient les Romains, c'est-à-dire admettre des idées depuis son enfance sans y réfléchir et sans s'en rendre compte.  
[12] Forrest Burke, Apprentice-participation: methodology and the study of subjective reality, in Urban Life, vol.14, n°4, pp.431-543. T.b.a.  
[13] Alexandrian, Histoire de la philosophie occulte, Ed. Payot & Rivages, Paris, 1994, p.13.  
[14] Souligné par Wilson, L'occulte, Albin Michel, 1971, p. 175.  
[15] Jung Carl G., The integration of the personality, Farrar & Rinehart, New York, 1939, p.14.  

[16]

 Shweder, op. cit., p.638.  
[17] La Table d'Emeraude est, grosso modo, une sorte de table de lois de l'ésotérisme. Elle n'a pas été écritepour réguler la société, mais pour donner des pistes aux ésotériques sous forrme de symboles.  
[18] Wilson Colin, op. cit.  
[19]  Deluc Thierry, op.cit.  
[20] Système fondé sur l'interprétation mathématique des mots hébreux.  
[21] Alexandrian, op. cit., p.73.  
[22]

Bourdieu Pierre "Une interprétation de la théorie de la religion selon Max Weber" Archives européenne de sociologie, XII (1971), pp. 3-21.

 
[23] Campbell Bruce "A typology of cults" Sociological Analysis, 39, 3, pp. 228-240, 1978.  
[24]  Deluc Thierry, op. cit., p.5.  
[25] Murmures d'Irem, n°0, p.37.  
[26]

 Ce mot recéle de nombreuses définitions. Dans le cadre de cet article, nous choisissons  celui d'être

 un proche synonyme de "mysticisme technique". Expliquer ce mot renvoie à une autre histoire sociologique.

 
[27]  Un petit dieu.  
[28]

Sur ce sujet, lire l'article intéressant d'Eliade Mircea "Méphistophélès et l'androgyne ou le mystère de la totalité" dans Méphistophélès et l'androgyne, Editions Gallimard, 1962, pp. 111-179.