Robin est notre représentante à Londres. Chercheuse en histoire parallèle, elle s’intéresse plus précisément à l’histoire des Ordres Néo-Templiers et assimilés. Elle possède également une étonnante faculté de « remote-viewing », lui permettant de voir…. à distance. Cet article illustre parfaitement son don. Il a été publié en anglais dans le premier numéro (septembre 2002) de la revue Duat, magazine d’ésotérisme sur CD Rom. www.duatmagazine.com.

Robin Crookshank Hilton ©

 

Je considère mon amie Hildegarde comme ma grand mère, certainement parce que je n’ai réellement connue aucune de mes deux véritables grand’mères. Née à Berlin, elle émigra à Los Angeles suite aux atrocités de la guerre. Mais c’est à Londres que je la rencontrai, alors qu’elle venait rendre visite à sa fille. Et c’est ainsi que commencèrent nos expériences.

A l’occasion d’un voyage professionnel à Los Angeles avec Andy, mon ex-mari, Hildegarde nous invita à lui rendre visite à son domicile. Andy était extrêmement réservé à l’égard de certains de mes amis, et notamment ceux avec lesquels je réalisais des expériences. Aussi avait-il apporté un livre pour tuer le temps dans le jardin ; Hildegarde, de son côté, avait préparé un appétissant Apfelstrudel pour tenter de l’amadouer….

La visite devait être de courte durée, car nous devions retourner à l’hôtel pour un dîner d’affaires. Aussi, et dès qu’Andy se fut installé, nous nous réfugiâmes dans la pièce où elle avait coutume de méditer. Mais au lieu de prendre place sur le sofa, je décidai de m’asseoir à un endroit bien précis, directement sur le sol. Hildegarde sourit, car c’était justement la place où Peggy, notre amie dotée de pouvoirs psychiques, avait coutume de s’installer lors de ses visites.
Une fois confortablement assises, Hildegarde me tendit sa baguette magique, formée de petites écailles de quartz rose liées ensemble par un fil de bronze, et ornée à une de ses extrémités par un grand cristal de quartz translucide. L’engin ressemblait un peu à une torche lumineuse et je devais avoir l’air totalement stupide en le tenant dans mes mains. Du reste, je me mis à brasser l’espace avec, fermant mes yeux pour prétendre que j’étais perdue dans l’obscurité.

Sauf que, lorsque mes yeux étaient fermés, j’étais en train de voler au dessus d’une montagne. Et lorsque je les réouvrais, j’étais assise sur le plancher d’Hildegarde.

Ouaou…….

J’essayais à nouveau, et le phénomène se répéta.
Je demandais à Hildegarde s’il y avait quelque chose d’étrange à avoir des visions en manipulant son bâton….. Elle répondit que non, et que du reste Peggy était familière d’un tel phénomène. Je lui expliquai que lorsque je fermais les yeux, je me retrouvais planant au dessus d’une chaîne de montagnes…. Elle me suggéra d’atterrir et d’aller jeter un coup d’œil aux alentours. C’est fou ce que ces allemands on le sens pratique !

Je me relaxai, fermai les yeux et regardai le film……..

J’ai généralement horreur de voler, même en rêve. Aussi me posais-je le plus rapidement possible. Je reconnus alors que la chaîne de montagnes faisait partie du massif de l’Himalaya. Mais je n’avais pas d’idées plus précises sur l’endroit où j’étais, si ce n’est que je me trouvais à mi-distance d’une montagne, sur un sentier étroit et boueux, bordé par des pins élancés.

J’explorais les environs, gravissant la sente en essayant de contourner les rochers. Après une courte ascension, je vis un moine émerger de la lisière des arbres, et qui, sans un mot, me fit signe de le suivre. Après une courte marche, nous arrivâmes dans une clairière où était dressée une hutte, faite de morceaux de bois assez sommairement assemblés.

Je pénétrai dans la cabane à la suite du moine et nous nous assîmes sur le sol, sur des sortes de coussins, séparés l’un de l’autre par une petite table en bois sculpté. Sur le côté de la table, le long du mur, se lovait un autel. Ce meuble bas était orné d’un coffre de bois joliment travaillé et manifestement très ancien ; vraisemblablement un reliquaire. Le moine se mit à préparer le thé, et j’observais ses mouvements, de plus en plus persuadée qu’il était en train de se livrer à un quelconque rituel.

Lorsque le thé fut prêt, nous le dégustâmes à petites gorgées, nous observant l’un et l’autre. Il se mit alors à accomplir des gestes interrogatifs, comme si je savais parfaitement ce qu’il me fallait faire. Alors qu’il se déplaçait sans un mot en direction de l’autel, j’essayais de le suivre respectueusement des yeux, mais sans du tout comprendre ce qu’il voulait me communiquer. Finalement, et après une attente insupportable, il se résigna à ouvrir pour moi le petit coffre.

A l’intérieur, délicatement posé sur un socle de bois sculpté, se trouvait un œuf fait d’une sorte de pierre blanche et lumineuse que je ne pus identifier. Le moine le prit délicatement et le posa avec d’infinies précautions sur la table. Cet œuf était sans conteste l’objet le plus merveilleux que je n’avais jamais eu l’occasion de contempler. Je l’admirai pendant un très long moment, au point de me fondre totalement dans la transparence laiteuse de la pierre.

Je ne me souviens pas comment je me retrouvai sur le plancher d’Hildegarde…. Il me semblait être partie depuis plusieurs heures, alors que mon absence n’avait duré qu’une dizaine de minutes environ. Andy, de son côté, s’impatientait et était pressé de rentrer à l’hôtel. En traversant le jardin pour sortir, je racontai à Hildegarde mon aventure avec le moine et l’œuf, et, tout en parlant, je pris conscience que je devais trouver cet objet. Nous cherchâmes à percer sa signification, nous demandant s’il s’agissait d’un objet symbolique ou d’un objet réel. En raison de ma description, Hildegarde pensa que le moine devait être tibétain. Dans ces conditions, elle décida devoir me remettre un morceau d’étoffe blanche que lui avait donné un ami, pièce bénie par le Dalaï Lama lui-même. Plusieurs mois plus tard, j’appris que le Dalaï Lama remettait cette pièce d’étoffe blanche à ceux qu’il recevait en audience, geste qui selon la tradition bouddhique signifiait « nous nous reverrons un jour ».

Je devins complètement obsédée par cet œuf….. Je lus de nombreux ouvrages, plongeai dans la mythologie, bref je devins experte en symbolique des œufs ! Mais quelle était sa véritable signification : énergie vitale, renaissance spirituelle, pierre philosophale ? Aucune de ces interprétations ne semblait sonner juste.

Deux mois plus tard, nous partîmes en Australie avec l’équipe de criquet d’Andy. Comme l’objectif principal de cette équipe est de jouer….. au criquet le plus souvent possible, je me retrouvai avec beaucoup de temps libre ! Afin de m’occuper, je me mis à chercher ce fameux œuf, visitant toutes les boutiques de cristallerie de Sydney. Pour quelque raison obscure, je sentais que j’étais proche du but. Je m’enquis de cette pièce partout où je passais, décrivant soigneusement la pierre pour voir si elle évoquait quelque chose chez mes interlocuteurs. Certains pensaient qu’il s’agissait d’une opale, parfois taillée en forme d’œuf, mais en insistant sur le fait qu’un tel objet était extrêmement coûteux, eu égard à l’importance de la pierre précieuse nécessaire à sa fabrication. Je n’étais pas certaine que la pièce que j’avais vue était effectivement de l’opale, mais je fis le tour des joailleries, des musées, des galeries d’art, sans que personne ne puisse me renseigner.

Finalement je renonçais, et lorsque nous quittâmes l’Australie, je ressentis un étrange sentiment de vide, comme si j’avais oublié quelque chose.

Nous avions prévu de faire une escale de trois jours à Hong Kong, sur le chemin du retour, afin de voir une dernière fois le territoire avant qu’il ne soit cédé à la Chine Populaire. Dès notre arrivée, Andy déclara qu’il ne sentait pas bien cette région, et qu’il ne désirait rien voir en particulier. Aussi se reposerait-il sur mes choix en matière d’excursions. Je n’étais pas spécialement attirée par le shopping et n’avais aucune envie d’arpenter les sites touristiques. Mais je brûlais d’envie d’explorer le plus de temples bouddhistes possibles ! En temps normal, ce genre de visite eût été une véritable torture pour Andy. Mais il était plongé dans un excellent livre, et il était tout à fait prêt à m’accompagner, se fiant sans réserve à mon sens de l’orientation. Il se réservait bien sûr en contrepartie le droit de bouquiner paisiblement au soleil alors que je méditerais dans ces lieux sacrés…..

Nous décidèrent d’aller, pour la première journée, visiter le monastère bouddhiste de l’Ile de Lantau, une expédition qui prendrait toute la journée en raison du trajet en ferry. Ce monastère est particulièrement célèbre, dans la mesure où il abrite la plus grande statue de Bouddha connue dans le monde. Une statue au discret parfum de Disneyland, une version bouddhiste de la statue de la Liberté ! Mais le monastère lui-même dégage une atmosphère envoûtante, et je passai plusieurs heures à marcher et à méditer dans les différents temples. Nous déjeunâmes assis autour de gigantesques tables rondes, en compagnie d’autres pèlerins et de quelques moines, dégustant de larges portions de mets végétariens. Tout le monde nous souhaitait chaleureusement la bienvenue……

A contre cœur, nous nous décidâmes de rentrer à Hong Kong car le jour commençait à tomber, sans réaliser que nous allions rater le dernier bus pour le ferry. Juste comme nous sortions du temple, nous vîmes l’autocar passer et nous mîmes à courir derrière lui, descendant un chemin bordé d’échoppes pour touristes. Les couleurs des objets proposés se mélangeaient dans ma tête alors que je scrutais les étals à la recherche de statuettes.
Puis, sans même que je ne le réalise, je m’arrêtai et regardai fixement devant moi, complètement figée . Andy était agacé, il criait « vite au bus »…… Mais je n’en tins pas compte.

 

J’avais trouvé l’œuf.

C’était une reproduction en verre bon marché, mais je le reconnus immédiatement. Il était du reste posé sur un petit piédestal en bois sculpté. Il n’y avait qu’un seul oeuf, disposé discrètement dans un coin. Ce ne devait pas être un souvenir très populaire. Mais je n’avais pas d’argent. Aussi Andy dut-il faire demi-tour pour me rejoindre, incapable de bouger tant que je n’avais pas pris possession de cet objet.

Nous ratâmes le bus, mais j’étais euphorique. L’œuf existait ! Bien sûr, j’aurais pu réaliser plus tôt qu’il s’agissait d’un symbole bouddhiste ; après tout, le moine rencontré lors de ma vision était un moine bouddhiste. Je me rendais compte brutalement de la futilité de mes recherches, allant voir aux mauvais endroits….

C’est du moins ce que je pensais à ce moment.

 

Cette nuit là, je lus les livres que j’avais achetés au début de la journée, cherchant désespérément une réponse. Je ne trouvai rien au sujet de l’œuf, mais découvris des informations sur un sujet qui, pour être totalement différent, occasionnait chez moi d’étranges résonances. Il s’agissait d’écrits sur une déesse appelée Tin Hau, divinité de la mer. Celle-ci était décrite comme une des manifestations mineures de Kuan Yin, une déesse bouddhiste qui évoquait fortement un archétype que j’avais étudié, archétype présent dans les principaux systèmes religieux. Le symbolisme était celui du troisième séphiroth de la Kabbale, Marah, ou encore la Grande Mer, qui correspond à Stella Maris, l’Etoile de la Mer, autre version des déesses chrétiennes comme la Vierge Marie ou Marie Madeleine……. Laquelle porte également…. un œuf…….

Lorsque je lus que Tin Hau est également connue sous le diminutif affectueux de Mazu, ou encore la grand-mère, je pensais immédiatement à Hildegarde. Etait ce un signe ? Je demandai à Tin Hau de me guider.

Il y a plusieurs temples dédiés à Tin Hau à Hong Kong, et je décidai de consacrer les jours suivant à leur visite, en guise de pèlerinage. Cette excursion allait nous entraîner dans les dédales les plus secrets de l’agglomération, dans une aventure fascinante bien différente de celles proposées par les circuits touristiques habituels. Et bien que personne ne parlasse l’anglais, dans chaque temple il se trouva quelqu’un pour m’apprendre quelque chose de nouveau, comme brûler correctement l’encens, traverser respectueusement un sanctuaire ou…. plonger dans les méandres de mon avenir…..

Nous explorâmes ainsi chacun des temples Tin Hau de Hong Kong. Le dernier était particulièrement difficile d’accès et nous eûmes tout juste le temps de rentrer à l’hôtel pour prendre nos valises au vol et nous précipiter à l’aéroport pour ne pas rater notre vol de retour. Andy se moqua de moi durant le trajet, me faisant remarquer que le parfum d’encens que je dégageais après trois jours de vie monacale était légèrement saugrenu dans une limousine avec chauffeur.

 

A l’aéroport, juste avant le passage en douane, nous nous enfonçâmes dans une masse grouillante… Il y avait des policiers armés jusqu’aux dents un peu partout, et nous aperçûmes en un éclair quelqu’un qui ressemblait à un moine, drapé dans une robe rouge. Tout autour de nous, la foule criait, comme en extase, essayant de le toucher alors que les flashes crépitaient de toutes parts. Dans la confusion générale, Andy me prit par le bras et me propulsa à l’entrée du point de contrôle afin d’échapper au chaos et de ne pas rater l’embarquement.
Le guichet de la douane était fortement embouteillé, au minimum une demi-heure d’attente. Nous nous séparâmes en empruntant chacun de notre côté une file différente, au cas où l’une avancerait plus rapidement que l’autre. Alors qu’Andy plaisantait avec un joyeux groupe de touristes australiens, je me mis à doucement dériver dans un délicat parfum de bois de santal….

Quelques instants plus tard, je sentis une présence à mes côtés. L’inconnu toucha mon bras. Je me retrouvai en face du moine. Il était seul, sans escorte, et tout le monde semblait l’ignorer. Il me montra son billet d’avion pour l’Inde et une carte jaune ; je réalisai plus tard qu’il s’agissait d’un permis international de voyage. J’acquiesçai de la tête et lui fis signe de me suivre. J’avais décidé de le conduire jusqu’à sa porte d’embarquement.

Nous attendîmes ensemble une trentaine de minutes au point de contrôle en jouant comme des enfants ; je faisais semblant de regarder droit devant moi alors qu’il me contemplait de profil, et vice versa. Nous ne prononçâmes aucun mot, mais notre silence était paisible. Je me sentais totalement relaxée et commençais à sentir son énergie. Elle était nimbée de paix.

Juste pour voir ce qui pouvait se produire, j’imaginai un rayon de lumière jaillissant de mon « troisième œil » et visai son propre chakra. Immédiatement, le moine se mit à tordre la tête et me fixa des yeux…. J’avais peut être fait une grosse bêtise….. Mais il est vrai que je n’étais pas très familière avec « les bonnes manières » des moines !

Alors que j’étais fort occupée avec le moine, la file d’Andy franchit la première le poste de contrôle. Je laissai le moine passer le premier. Il nous attendit patiemment de l’autre côté. Sous le portique de la sécurité, je m’apprêtai à essayer de regarder sur l’écran à quoi ressemblait un moine scruté par les rayons X. Mais en riant, il se débrouilla pour passer devant moi.

Après le contrôle, un officier de sécurité examina nos cartes d’embarquement pour nous diriger vers la bonne porte. Lorsqu’il vit les documents du moine, il sembla pris de panique et le poussa de côté, comme s’il allait l’escorter personnellement à sa porte de départ. Et lorsqu’ils nous quittèrent, le moine prononça le seul mot de toute notre rencontre : bien ! Cela me semblait être plus un commentaire sur mes propres progrès qu’une forme d’au revoir….

Alors que nous étions dans le salon d’attente de la Quantas, je demandai au steward s’il était possible de savoir qui était ce moine, lui indiquant la porte et le numéro de vol empruntés par ce dernier. Après quelques instants, il revint m’apporter une boisson et me dit : « vous avez passé la dernière demi-heure avec le Dalaï Lama ». Je restai sans voix.

Andy lui-même était bouleversé par cette aventure. Dans l’avion, nous nous réfugiâmes dans un silence contemplatif. « Nous venons tout juste de nous faire piéger par le Dalai Lama » expliquâmes nous solennellement à l’hôtesse. Celle-ci, pour marquer l’événement, nous offrit une bouteille de champagne français que nous dégustâmes religieusement. Alors que je cherchais un livre dans mon sac pour tuer le temps, je trouvai l’œuf et me rendit compte qu’il avait été avec moi durant toute la rencontre.

Et finalement, après deux mois de recherches, je compris quelle était la signification exacte de cet oeuf.


 
Les photos illustrant cet article méritent une petite explication. Elles ont été prises par votre serviteur en octobre 2002, lors d’un dîner à Londres avec Robin. J’avais posé mon appareil sur la table à titre de support, et pris plusieurs clichés pour être certain d’avoir un résultat correct. La première montre un œuf de couleur blanche, illuminé semble-t-il de l’intérieur. La deuxième, prise quelques secondes après, nous le montre d’une couleur bleue opaline……

 

Garanti sans trucage !

Philippe Marlin