Les Stances de Dyzan

 

 Que serait un fanzines sans nouvelles, sans fictions. Cela est vrai aussi pour un« zinotérique ». L’indicible se devine dans les textes de nos amis..... Alors à vos plumes pour nous proposer vos créations dans ce nouveau registre et pour commencer, place à Olivier BID CHIREN, le sorcier de Tours, Grand-Maître de MICRONOS et barde ligurien.... 

Obsessionnelles Fractions

 ou l’ Indésirable Promeneur

Réalisation de

" Le Temps fut, je suis car ici existe

ce qui n'existe pas. "

 Elles sont mes démones sensations ; elles sont celles que mes charmes stupéfient, épouvantent ou glorifient. Elles sont mes lectrices : rates, équidées, félines, ophisiennes, volatiles, cynocéphales...

Elles sont et je suis leur démiurge tentateur.

" Si vous avez la foi comme un grain de sénévé, vous commanderez à cette montagne de se déplacer et elle vous obéira. "                                                                                                                          Jésus

                Promontoire de la suie des cieux, invariablement le crépuscule s'immiscait entre les lampadaires programmant le tissage alambiqué de la ville. Dans une rue étroite et faiblement éclairée, quelques persiennes grinçantes s'occultaient : prémices du calme nocturne glissant sur les escaliers et rampant jusque dans les moindres recoins des appartements.

                Dans l'un d'eux, une jeune femme à la beauté sauvage et altière se déshabillait félinement tout en fredonnant un air de jazz.

                Pour ne pas subir plus longuement les morsures de la fraicheur hivernale, elle fondit sous la douche chaude. Peu de temps après, elle en ressortit toute frissonnante puis revêtit un kimono en soie. Délassée, elle rejoignit l'appel doucereux de son lit où elle ne tarda pas à sommeiller. Son  corps s'abandonna aux caresses mielleuses de la couette.

                Bientôt, la nuit se maria complètement avec la terre, lui offrant rêves et repos ; la césure entre les deux éléments devint indiscernable.

                Quand leur union fut conclue, la jeune femme se redressa brusquement en criant. Les yeux écarquillés, elle fouilla la pièce avec tous ses sens en éveil. Son horloge sensitive s'était-elle détraquée pour éprouver une telle frayeur ou avait-elle seulement contracté un simple cauchemar ? réfléchit-elle. Pourtant son aptitude aigüe à la prémonition lui avait bien indiquée qu'une présence étrangère s'était infiltrée dans son appartement ! Finalement, elle rangea son inquiétude au compte de la fatigue et de la solitude.

                Tentant de se rassurer, elle s'abandonna de nouveau à l'emprise possessive du confort et du sommeil. Assaillie par les songes, elle s'endormit rapidement.

                Terreur ciselée dans ses yeux, angoisse martelée sur ses lèvres, peur ruisselant sur sa peau frémissante, plus d'une heure plus tard, elle s'éveilla brusquement en proie à une indicible frayeur. De sa gorge compressée, jaillit un cri. Elle se leva chancelante dans un état de panique puis, collée contre le mur, elle regarda attentivement son lit.

                Parvenue en sommeil profond, son système de protection intérieur l'avait avertie qu'un danger reposait auprès d'elle.

                Elle n'y discerna rien de tangible hormis un creux volumineux à forme anthropomorphique mais elle n'en fut absolument pas persuadée. Peut-être s'agissait-il uniquement du fruit de son imagination exacerbée ?

                L'assurance étant la mère des certitudes, elle empoigna un gros livre posé sur une étagère et le jeta avec force sur le lit. Le livre y tomba et n'en bougea plus. Le lit reprit sa forme initiale.

                Rires nerveux et insultes psychiques secouèrent la volupté de son corps : elle ôta son kimono et, nue, elle se précipita sur son lit.

                Mais à l'instant où elle s'accroupit pour pénétrer sous la couette, elle perçut une respiration haletante auprès de son épaule puis elle ressentit des frôlements sur ses cuisses et sa poitrine. Un bref instant, elle eut la chair de poule.

                Elle fit volte-face, tomba sur le parquet, se releva puis courut à l'autre extrémité de la pièce. Effrayée, des sueurs froides dégoulinant de ses tempes, le poil hérissé, les yeux exorbités, elle enroula son corps dans le grand rideau de velours pourpre occultant la baie vitrée. Un vase qui séjournait sur la table, en face d'elle, se retrouva en peu de temps dans ses mains. Ainsi, sur le qui-vive, elle attendit.

                L'attente fut longue et pénible avant qu'une autre manifestation paranormale, à ses yeux, advienne ; bien entendu, la jeune femme douta de la bonne santé de sa raison. Dans son cerveau résonnait encore son intuitif système d'alarme percutant ses neurones. Elle était persuadée que quelqu'un ou quelque chose de surnaturel était là, présent, l'épiait et la désirait ; une entité sale et mesquine déposant son regard inquisiteur et lourd de sous-entendus sur son corps secoué de tremblements et de battements de coeur. Son sang tournoyait dans son organisme à une vitesse saoulante.

                Un courant d'air s'approcha d'elle, léchant ses pieds. Elle secoua le vase en tout sens pendant qu'une larme issue de sa quintessence exsudait de son cil. Elle trépignait de désespoir et d'incompréhension.

                Brusquement, une myriade de mouvements d'air virevoltèrent en tous sens. Des bibelots posés sur un buffet frémirent, tombèrent et se brisèrent. Des claquements de verre retentirent en plein bain de silence pesant. Puis, plus rien. De nouveau, ses sens lui révélèrent sa solitude dans la pièce.

                La nuit poursuivait son oeuvre dévoreuse dans le dédale de la ville. L'inquiétude et le phénomène avaient fuit l'état de peur.

                Comme la jeune femme désirait obtenir une explication rationnelle de son aventure peu banale, les jambes chancelantes, ahurie, elle se précipita, les nerfs à fleur de peau, sur le téléphone...

                Oubliant qu'elle s'était enroulée dans le rideau, elle l'arracha.

                Cette première escapade au clair de lune dans les phénomènes paranormaux, d'essence métaphysique, d'hypostase magique, me fit éternuer (si l'on peut dire...).

                Je redéveloppai mes éléments subtils nommés astraux, étheriques, lumineux, spirituels et métaphysiques afin d'être à l'origine des possibilités de dédoublement, d'apparition, de lévitation et de manifestation d'outre-tombe (en quelque sorte ou presque en ce qui me concerne).

                Après une brusque contraction nerveuse voire neurologique, je replongeai au-delà de la porte des songes.

                Avant cela, je reçus une griffure au sein de ma cavité mentale : un message télépathique empli d'angoisse, demandant du secours me parvint.

                Le téléphone retentit à tue-tête... J'eus peur de quelque enseignement que je ne voulusse pas connaître, d'une vérité qui m'effrayât.

                Vivais-je ainsi par timidité ? Etais-je un refoulé, un conscrit, un incompris, un bloqué qui ne trouve pas son verrou pour fondre dans la liberté ?

                Un jour, on me tuera à cause de mes capacités, celles que finalement on a bien voulu que j'acquière par " initiation " .

                Programme de départ ; connexion psychosensorielle... Obscurité... noir... lumière...

                Une animation intensive et grand-guignolesque régnait dans une artère principale de la ville saupoudrée de confettis et de lampions : Mardi-gras résonnait au son des cymbales et des rires pendant qu'une troupe de théâtre de rue, - genre Comedia dell'Arte - montée sur des échasses et déguisée en gargouilles, s'évertuait à faire frémir les spectateurs. Derrière cette troupe, progressait langoureusement un kabuki avec ses intermèdes chorégraphiés.

                Parmi les dizaines de noctambules, une jeune femme riait plaisamment devant les immenses gargouilles qui passaient devant elle.

                Vêtue d'une jupe longue, d'une capeline rouge et de bottines noires, elle était belle et épanouie. Ses grands yeux brillaient comme deux lucioles malicieuses.

                Soudain, au-dessus de sa tête, passa un Saturnia pyri qu'elle suivit du regard avec étonnement avant de se replonger dans la contemplation de la troupe. Quand elle voulut s'en aller pour rejoindre le kabuki, elle fut prise de soubresauts successifs et de convulsions. Elle dut s'adosser à un mur pour ne pas s'évanouir.

                Stupéfaite, elle regarda ses mains qui tremblottaient. Elle essaya de se ressaisir en fermant les paupières et en déglutissant à plusieurs reprises. Petit à petit, ses joues se teintèrent  d'une mince pellicule de rosée. Dès qu'elle voulut marcher, elle sentit quelque chose la retenir plaquer contre la paroi glacée. Autour d'elle, elle ne percevait plus qu'un amas touffu et dissonant de sons et de voix. Elle ne parvenait plus à se contrôler, et dans un élan frénétique, elle s'allongea sur les pavés humides, entrouvrant ses cuisses, alors que ses lèvres laissait filtrer des gémissements. En quelques instants, ceux-ci se transformèrent en râles de jouissance.

                Des passants la dévisagèrent avec dégoût avant de se détourner de ce spectacle incompréhensible et désolant.

                Son corps et son esprit étaient en proie à une transe cataleptique quasiment vaudou. Elle gémissait par saccades exprimant l'extase et le plaisir. Quelque chose ou quelqu'un d'invisible, une force insondable et certainement machiavélique lui faisait violence, l'outrageait, usait de ses valeurs, lui faisait l'amour.

                Vainement, toute tentative de contrôle sur son organisme s'échappait, elle ne pouvait qu'accéder à la requête de cette emprise possessive, soit d'offrir son corps, sans même essayer de comprendre ce qui lui arrivait. Jusqu'à ce qu'elle parvienne en phase coïtale, elle ne retrouva pas la liberté. Elle voulut crier pour implorer de l'aide, mais nulle phrase intelligible ne se formulait. Elle était seule et humiliée face à sa déroute et à sa folie puisqu'aux yeux des passants personne ne la violentait. Elle était seule avec cette puissance qui se répandait dans son corps, dans son esprit et dans son âme.

                Puis, comme par miracle ou comme par magie, toute sensation se désintégra et disparut. Ereintée et souillée, elle se releva, hébétée, tout en constatant que ses habits étaient intacts hormis quelques taches de poussière en traînées sombres sur sa capeline.

                Elle songea que son cerveau était envahi par la folie, que rien ne s'était déroulé, que tout était le résultat de son imagination ou d'une névrose obsessionnelle jusqu'à ce que l'effleure la possibilité d'une expérience paranormale. Angoissée, elle se dirigea vers une cabine téléphonique. Encore choquée, elle composa un numéro tout en laissant échapper ses sanglots.

                Autour de la cabine, tournoya un papillon de nuit (le même qu'auparavant) sans qu'elle s'en aperçût. Il se volatilisa dès que la sonnerie téléphonique retentit...

                Cette seconde promenade dans le monde des réalités matérielles et psychiques m'a permis d'analyser le comportement féminin et le mécanisme des plaisirs sexuels et des tentations...

                Malheureusement, il a fallu que je confie toutes les informations récoltées aux ordinateurs. Qu'y puis-je ? Je n'ai pas le choix...

                Je constate seulement que ce fût encore la peur qui me fît fuir... La peur sécrète une substance hallucinogène qui me fait dévier de mes objectifs premiers.

                Après avoir investi un véhicule vivant pour réintégrer ma chambre, le téléphone a retenti... Mon état psychologique s'est modifié cruellement depuis ma première expérience de navigation astrale, mais nul ne veut écouter mes plaintes... On parle déjà de me faire vivre une autre aventure supraphysique liée à l'élément intuitif de la sapience mystique...

                La couverture de la nuit se rapprochait toujours plus de l'horizon qu'elle ne parviendra jamais à devancer. Il faisait froid, et la neige, avec parcimonie, annonçait que les fêtes de Noël se préfiguraient.

                Dans un quartier résidentiel, au troisième étage d'un immeuble, tard dans la soirée, une timide lumière brillait encore. Dans cet appartement éclairé, une jeune femme était installée dans un canapé, un livre à la main. Un enregistrement laser d'Enya répandait une spatiale musique dans la pièce. Tout en tournant les pages de son livre, la jeune femme déposait par intermittence les cendres chaudes d'une cigarette au creux d'un cendrier marbré posé sur l'accoudoir du canapé.

                La sonnerie de la porte d'entrée retentit de deux coups brefs. Mécontente, la jeune femme referma son livre puis le déposa sur la moquette avant de se diriger vers la fenêtre. Elle l'ouvrit sèchement puis se pencha au-dehors.

                Elle ne vit personne.

                Furieuse, elle referma la fenêtre violemment puis tira les rideaux avant de retourner s'asseoir et de se replonger avec contentement dans la lecture de son roman.

                Une demi-heure plus tard, on resonna à la porte d'entrée de deux coups brefs. Elle sursauta de stupeur. Agacée, elle fonça sur l'interphone et parla sur un ton agressif et menaçant. Mais à l'autre extrémité de l'appareil, personne ne lui répondit.

                Elle crut d'abord à un farceur, mais elle réfuta cette solution quand une demi-heure plus tard le harcèlement se poursuivit. Quand la sonnette retentit, elle trembla de tous ses membres : de la colère, elle était passée à un état d'anxiété et d'angoisse. N'entendant toujours aucune voix à l'interphone et ne voyant toujours pas d'âme qui vive par la fenêtre, elle prit peur. Songeant maintenant à un malade mental voire à un détraqué sexuel, elle composa le numéro du poste de police le plus proche de chez elle. Une ribambelle d'hommes de loi et d'ordre débarquèrent à son domicile peu de temps après son appel téléphonique. Ils enregistrèrent sa déposition et sa plainte avant de repartir. Mais au même instant, la sonnette de la porte d'entrée rententit de nouveau. Un officier répondit mais nul ne se trouvait à l'autre bout de l'appareil. Avec son talkie-walkie, il appela une escouade qui se tenait devant le porche d'entrée de l'immeuble. Eux aussi n'entendirent et ne virent personne.

                Jusqu'à ce que l'aube pointe ses rayons et ne découpe la ville dans une aura fantomatique, le phénomène persista. Mais dès minuit passée, un autre phénomène s'ajouta au précédent : sur la moquette, dès que la sonnerie retentissait, un bouquet de fleurs rouges apparaissait. Les fleurs, bien réelles, se dématérialisaient peu de temps après leur apparition. Toute la nuit, la conjonction des deux phénomènes continua.

                Non seulement, la terreur emplit le conscient de la jeune femme mais les policiers ne lui échappèrent pas non plus. Et pour rationnaliser l'affaire, ils en vinrent à suspecter une puissance étrangère. Plus tard, on classa le dossier dans un fichier poussiéreux du paranormal.

                Au matin, la jeune femme, tétanisée par une sourde panique, se jeta sur le téléphone, avant de rire aux éclats sans avoir pu comprendre ce qui lui arrivait.

                L'aube continuait à se lever entraînant dans son sillage la fraicheur d'une belle journée ensoleillée d'hiver.

                Les mois passèrent et défilèrent jonchés d'expériences multiples. Ce fut bien plus tard encore que l'on conduisit les trois femmes à l'Institut de Recherche Fondamentale afin qu'elles se trouvent en ma présence et qu'elles puissent exprimer ce qu'elles avaient ressenti.

                C'est moi qui leur ai demandé de les introduire ici sans quoi j'arrêtais de travailler et de poursuivre les expériences plus avant pour l'Institut.

                Bien sûr, les trois femmes se connaissaient et me connaissaient. Elles furent bien surprises et apeurées de découvrir une telle vérité, de constater l'effroyable état dans lequel je vivais (si l'on peut dire ! ).

                Contre mon gré, j'étais devenu un indésirable promeneur du paranormal en proie à des obsessions fractionnées, et ce suite à mon terrible accident.

                Mon corps étant irrécupérable, on a sauvé uniquement mon cerveau, rien que lui. L'Institut m'a acheté et m'a branché à une somme incalculable d'appareils hyper-sophistiqués et à une tonne d'ordinateurs programmés pour enregistrer toutes mes aventures parapsychologiques, sans oublier le bourrage de drogues et de tas de produits infernaux pour maintenir mon cerveau en vie.

                Le but essentiel de toutes ces expériences était de me familiariser avec les potentialités de mon cerveau, de m'apprendre à en user afin, par la suite, d'entreprendre de l'archéologie psychique ; cette nouvelle technique permet de découvrir des civilisations disparues et même de remonter le cours du temps afin de sauver de la destruction certaines pièces inestimables du patrimoine mondial.

                Quant aux trois femmes ?

                Je suis allé leur rendre visite parce que je les aimais...

Olivier BID CHIREN ©  


Un « zinotérique » sans nouvelles..... Et sans poésie ? Hein ? De quoi on aurait l’air ? Hein ? Alors, demandons à Jérémy BERENGER de nous aider..

Songe Initiatique...

A Alain Stivell Cochevelou,

Guerrier initiatique, digne héritier des Bardes de jadis.

Je retournerai ce soir à Keltia, terre qui est mienne,

Sans que j’y fusse né.

Transporté par l’indicible souffle du songe,

Pareil à un subtil cousin de Borée,

Je marcherai ce soir sous les chênes de Brocéliande,

Et me sustenterai, si j’y suis convié, à la table de Pendragon.

Après que j’eusse partagé agapes,

Et me fus enivré de cervoise parfumée, d’épicés élixirs,

Merlin m’emménera.

Candide comme l’enfant, émerveillé, je le suivrai.

Merlin, lorsque je tendrai mes mains en conque

A l’eau sourdant de ta fontaine de sagesse,

Me délivreras-tu l’arcane de Sùl, l’Oeil ouvert et conscient,

L’Eveil qui rend digne de gagner Tir Na Nog,

Et par là même de conserver à jamais l’éternelle jeunesse ?

Si telle est ta volonté,

Tu ceindras mon cou de la chaîne d’apprenti

Portant la Triskell symbolique.

Alors je devrai apprendre à m’éveiller,

A être humble et me taire.

Je marcherai, tout au long d’un crépuscule sans fin,

Sur la lande de Culloden, parmi les spectres des sonneurs,

Et j’entendrai le son orchestré et digne, puissant et guerrier,

De leur cornemuses.

Elles réveilleront en moi ce désir de savoir et de connaître

D’où viennet les Celtes, d’où je viens,

Moi, lointain rejeton, comme eux, des Thuata de Danàan.

J’emprunterai l’arche de ses Anciens

Venus d’un Ailleurs au-delà de l’ailleurs,

Et je voguerai vers l’Irlande, pour répondre à l’appel

De celle qui m’espère, et que je cherche sans la connaître

Depuis des vies et des vies.

Depuis tout ce temps,

Malgré tout ce temps,

Gwynyth, la Princesse des Banshees, m’attendra,

Entourée de sa cour de lépricaunes.

Joyeux, ils joueront de leurs fiddles débridés,

Rythmant de leurs bodhrans la danse d’amour de Gwynyth.

Elle me tendra la pomme d’émeraude scintillante,

A la semblance de ses yeux magiques et fascinants.

Je me donnerai à Gwynyth,

Et la suivrai vers ce monde au-delà de l’horizon et des brouillards,

Tous deux, nous gagnerons Avalon dans le Chariot de feu,

Et Gallahad me remettra, fraternel et confiant, Excalibur.

L’initiation commencera seulement.

Il faudra que je foule, Gwynyth à mes côtés,

Me soutenant du feu de son amour et de ses longs cheveux,

D’immenses territoires parsemés

De terrifiantes tentations, d’effroyables périls.

Longtemps s’écoulera avant que j’accède aux lointains des origines.

Gwynyth et moi aurons voyagé à travers temps, espace, dimensions,

Et tous les mondes visibles et invisibles.

Hyperborée et ses blonds Maîtres de la Guerre,

La Lémurie et Poséidon,

Ys et Mû, jusqu’aux terres des Algonquins, et celles d’Akhenaton.

Passant par Bénarès, Gwynyth et moi serons guidés vers         Shamballah,

Ultime porte vers le Royaume de la Sapience,

Par Bouddha, qui souriant, nous ménera en Agartha.

Mais suis-je assez petit et détaché de tout leurre,

Pour prétendre à cette Queste ?

La nuit me l’enseignera,

Il faudra que j’accepte encore tellement de renoncements,

Tant d’humiliations peut-être,

Et mourir d’abord à moi-même en étreignant la solitude et l’amertume.

C’est le plus merveilleux des combats,

Celui qui se mène avec la seule arme du Questionnement,

C’est la seule digne Queste d’une vie,

L’authentique Alchimie,

La parfaite transmutation.

Le chemin sera long,

La porte étroite.....

Jérémy Berenger ©                                           Ce texte à déjà été publié par « Poésie sur Seine »