Nous avons à plusieurs reprises évoqué, dans Murmures d'Irem, l'étonnante affaire de Rennes-le-Château. Une affaire qui m'intrigue depuis près de 30 ans et qui n'a jamais été clairement élucidée. Elle est passionnante, car elle s'inscrit dans une histoire qui n'est pas trop éloignée de nous ; documents et témoignages sont encore chauds.... Elle est exceptionnelle, dans la mesure où elle est " agglutinante ", faisant appel à toutes les thématiques qui nous passionnent : ésotérisme, histoire parallèle, sociétés secrètes, fondements de la religion, ufologie, alchimie..... et bien sûr chasse au trésor !
Nous nous proposons de tenir régulièrement dans nos colonnes une rubrique sur cette saga occulte, en vous offrant divers témoignages, réflexions, journaux de voyage, et bien sûr documents inédits. Et vous le constaterez rapidement, nos ressources sont variées et parfois surprenantes.
Mais pour commencer et planter le décor, place à Richard Bessière qui va nous présenter les éléments désormais classiques de " la belle histoire ". Ce texte est le transcript d'une conférence donnée sur le sujet. Les photos sont © ODS.

 


Richard Bessière ©

 

Quand vous arrivez dans cette région, vous êtes immédiatement saisi par le cadre majestueux qui règne en ces lieux, leur disposition géographique, avec grottes et cavernes très nombreuses où on hésite quelquefois à entrer, sans oublier les abondantes pierres levées, travaillées par l'homme, et qui semblent poser aux cieux leurs vertigineuses interrogations venues du fond des âges.

De ces interrogations, les Celtes sont à l'origine : les Celtes étant, en effet, les premiers occupants de ces régions. Pour les Celtes, l'or était un métal aux vertus magiques, le symbole du pouvoir royal et de la fonction souveraine, et Dieu sait que l'or ne manque pas dans la région du Razès, dont Rennes-le-Château est l'ancienne capitale. Mais à Rennes, il n'y a pas que le côté 'trésor' avec 'pièces d'or sonnantes et trébuchantes'. L'archéologue, l'historien et le chercheur passionné y trouveront aussi bien leur compte, car à trop vouloir se focaliser sur le fabuleux trésor de Rennes, on finit par oublier que la région est riche en découvertes de toutes sortes. Il faut tout d'abord préciser que la région de Rennes-le-Château est propice à bien des découvertes, et elles sont nombreuses quoique certains puissent en penser. Cela commence d'ailleurs au milieu du XVIIIe siècle, où un paysan découvre, non loin de là, deux roues de char antique, deux roues en bronze qui échouèrent au musée St Raymond de Toulouse où elles sont encore exposées de nos jours. Il reste à exhumer toutes les autres parties du char antique qui daterait d'environ 750 ans avant notre ère. S'agissait-il d'un char Wisigoth, quand on sait que les Wisigoths ont joué un grand rôle dans cette région ? Des chercheurs, des archéologues amateurs fouillent et refouillent la région à la recherche des autres pièces de ce char.

Parlons ensuite de ce charnier découvert en 1909 au Pas du Loup, entre Couiza et Rennes, quand on sait qu'un détachement de l'armée de Simon de Montfort s'empara de Rennes et du château de Coustouza, lequel est situé de l'autre côté de la vallée, là même où un village fut entièrement saccagé en 1362 par les hordes aragonaises et dont il ne subsiste aujourd'hui que de vieilles fermes pratiquement abandonnées

Le mystère demeure encore avec un impressionnant bloc de calcaire d'un mètre cube et demi qui se trouvait, il y a environ une quinzaine d'années, au sommet d'une colline non loin de Rennes.. On l'a précipité dans le ravin. Amusement de jeunes désœuvrés ? Vandalisme gratuit ? On y voyait des croix gravées, et, au milieu, un sillon d'écoulement qui semblerait indiquer qu'il s'agissait d'une pierre de sacrifices des temps païens. On découvre aussi dans cette région les traces de quatre villages abandonnés, et grâce à l'examen d'une carte aérienne, l'emplacement d'une sorte de mausolée comme on en concevait encore au IVe siècle. Ce mausolée aurait-il été élevé en l'honneur d'un roi Wisigoth ? Encore une question qui n'a pas de réponse, ce qui montre bien que Rennes et sa région semblent être frappé au sceau du mystère, de l'inconnu et à l'interdiction de connaître. Une vieille légende dans cette région affirme que trop en savoir porte-malheur. Et si c'était vrai ? Car il ne faut pas oublier que la toponymie de cette région est curieusement marquée par l'empreinte du diable. Et ce n'est certainement pas par hasard que le curé Saunière, comme on va le voir, l'a représenté dans son église.

On y trouve encore sa main au sud de Rennes-les-Bains, et le rocher qui porte cette empreinte est appelée 'pierre du pain'. Il y a même le " fauteuil du diable ", une sorte de rocher, rue de la Fontaine, à Rennes-les-Bains, et la " montagne des Cornes " près du hameau de Montferrand. Si vous désirez pactiser avec le Malin, rien de plus simple : il vous suffit d'aller à la " Roche Tremblante " au-delà de la Coste. Il y a là un énorme monolithe de deux mètres sur trois, sur lequel vous pourrez poser les mains et vous donner entièrement au diable. N'importe qui peut le faire, mais attention : un pacte avec Satan vous damnera pour l'éternité... Et Dieu sait que c'est long... l'éternité.

Revenons, maintenant, à cet or qui joue un grand rôle dans l'histoire de Rennes-le-Château. Et tout part de là. Attirés par cet or, les Romains arrivent un peu plus tard, ouvrent des mines dans le Razès et le précieux minerai arraché à la terre celte est acheminé vers Rome. Viennent ensuite les Wisigoths d'Alaric qui iront à Rome en 410 de notre ère, pour y rafler cet incroyable butin auquel s'ajoute une partie du fameux trésor du temple de Salomon - trésor ramené de Jérusalem en 70 par les armées romaines de Titus et que les Wisigoths ramèneront ensuite dans le Razès.

Mais les secrets de Rennes portent-ils uniquement sur cet or, sur ce trésor matériel ? N'y a-t-il pas d'autres raisons, d'autres secrets dont on ne parle pas, voire un secret d'Etat, vrai pôle d'une histoire secrète de la France et qui en même temps mettrait l'Eglise dans une fâcheuse position ? Déroutante énigme que celle de Rennes-le-Château qui nous réserve encore bien des surprises.

Mais voyons d'abord le côté matériel avec le cheminement de cet or depuis le temple de Salomon, à Jérusalem, temple construit par le roi Salomon sur l'ordre de son père, le roi David, environ 1000 ans avant le Christ. Ce temple, aux richesses tant convoitées, a été, on le sait, plusieurs fois détruit et reconstruit dans l'Histoire. Une première fois en 585 par Nabuchodonosor et les Chaldéens, ensuite par les Grecs, après sa reconstruction, en I68.. Il devient le temple d'Hérode et c'est en 70 de notre ère que les armées de Titus le rasent complètement et définitivement.

Toute la différence est là, car les Romains découvrent ce que les autres n'ont pas découvert, dont le fameux chandelier à sept branches, le Ménorah, qui était l'apanage du roi Salomon et le centre d'un fabuleux trésor, tant convoité lui aussi. Et pour bien montrer que les Romains l'ont ramené, nous avons sur l'Arc de Titus, à Rome, des bas-reliefs qui montrent des soldats Romains transportant ce chandelier à sept branches. Ces choses-là resteront à Rome trois siècles et demi, jusqu'à ce que les Wisigoths d'Alaric, qui convoitent ce fabuleux trésor, apprennent qu'il est à Rome, y vont, et l'Histoire nous apprend que le pillage dura six jours et six nuits. Le sixième jour - nous sommes le 24 août 410 de notre ère - toutes ces choses, venues de Jérusalem, et après une étape de trois siècles et demi à Rome, quittent cette ville avec les Wisigoths, passent par Milan - nous verrons pour quelle raison - et aboutissent à Toulouse. Elles y resteront jusqu'en 508. Mais à cette époque, les Francs de Clovis, qui sont à Bordeaux et qui pourchassent les Wisigoths à leur tour, obligent ces derniers à se réfugier dans le haut Razès, dans les Corbières, à Rennée qui était déjà une place forte des Wisigoths avec 30.000 guerriers.

Pour m'en convaincre, j'ai fait appel à deux documents authentiques, dont les originaux sont à la Bibliothèque du Vatican et dont il existe des copies. Je veux parler des écrits de St Ambroise et de l'historien Procope. St Ambroise a vécu toute sa vie dans cette région ; il la connaît, et vers la fin, il est nommé protecteur de la ville de Milan. Nous avons, d'ailleurs, au Vatican une toile qui montre le sacre de St Ambroise à Milan. Et il s'y trouve lorsque les Wisigoths venant de Rome avec tout leur chargement d'or, arrivent devant la ville. Pour éviter le pillage et le massacre- les Wisigoths sont quand même des barbares - Saint Ambroise réunit tout ce qu'il peut trouver comme valeurs (or, argenterie, pierres précieuses) et amène aux Wisigoths ce nouveau butin. Mais il compose et leur dit : " Si vous allez en France, il y a un endroit où vous pourrez entreposer toutes ces choses, et où personne ne viendra les chercher ". Et que leur indique-t-il ? Tout simplement, les anciennes mines d'or et de cuivre de la région de Carcassonne, qui remontent aux Celtes, car les Celtes furent, bien avant les Romains, les premiers occupants de cette région. Ces mines furent fermées mais il restait des couloirs, des galeries, où l'on pouvait entreposer toutes ces choses et où personne ne viendrait jamais les chercher. Tout est consigné par écrits, et ces écrits vont au Vatican - ils y sont toujours - ce qui nous indique bien que l'Eglise n'ignore rien de cette situation. Quelques siècles plus tard, l'historien Procope dans son Histoire sur le trésor du temple de Salomon, consacrera trois pages - pages 15, 16 et 17- à ce haut fait en confirmant que le trésor a bien été éparpillé dans la région du Razès sur les conseils de St Ambroise. Nous avons donc, au Vatican deux écrits authentiques qui nous le certifient.

Toutes ? Non. Des recherches, depuis longtemps effectuées, nous indiquent un prolongement de cet or en Espagne, jusqu'à Tolède ainsi que dans d'autres régions dont nous parlerons un peu plus loin..

Alors, reprenons l'histoire. Nous savons que toutes ces mines d'or et de cuivre de la région de Carcassonne ont été pillées par les Romains et que cet or est allé à Rome, et nous n'ignorons pas non plus que les armées de Titus ont ramené de Jérusalem tout ce fantastique trésor. Rome est donc, à présent, le point de départ de cette histoire. Et c'est là qu'interviennent les Wisigoths, en 410. En un curieux effet de boomerang, ils ramènent au Razès l'or que les Romains y ont extrait et dont ils se sont eux-mêmes emparés en 410 en même temps que le fantastique trésor du roi Salomon. Et dans ce dernier, il y avait le chandelier à sept branches.

Toutefois, une version soutenue par beaucoup de chercheurs voudrait qu'Alaric, lors du pillage de Rome n'ait pas emporté le Ménorah qui aurait été secrètement rendu aux Juifs et caché à Jérusalem pendant des siècles. Par contre, il est très possible aussi que les Wisigoths l'aient enfoui dans la région de Rennes-le-Château, là où ils se réfugièrent en 508, pourchassés par les Francs depuis Vouillé. On comprendrait alors pourquoi de nombreuses personnalités juives ont depuis longtemps fait leur apparition dans cette région afin d'y mener de longues et minutieuses enquêtes. Et l'on comprendrait aussi le rôle joué par l'Eglise catholique qui détient les écrits de St Ambroise - nous en avons parlé - surtout lorsqu'on se rend compte que de nombreux prêtres se sont toujours agités dans cette région : les abbé Bigou, Corneille, Delmas, Vié, Boudet, sans oublier St Vincent de Paul, dont la statue se dresse à Notre-Dame de Marseille, près de Limoux. Elle atteste bien le séjour que fit " Monsieur Vincent " dans cette région en 1605, date où il prétendait avoir été enlevé par les Maures. Mais que cherchait aussi secrètement ce " Monsieur Vincent" ?

Dans toute cette histoire, l'Eglise se montre d'une extrême prudence, on la comprend, ne serait-ce que par rapport aux décès de certains curés de la région. Ainsi l'abbé Gelis, curé de Coustaussa et l'abbé Rescanières, tous deux assassinés par des inconnus dont on ne retrouvera jamais la trace. Parlons aussi du cardinal Rospigliosi, qui deviendra pape sous le nom de Clément IX, de l'évêque d'Alet, Nicolas Pavillon, de Jean-Claude Ollier, et de bien d'autres encore. Et, évidemment, au bout de la chaîne, le fameux abbé Bérenger Saunière dont on a beaucoup parlé. Le chandelier à sept branches de Salomon serait-il au centre de ce curieux remue-ménage religieux ? Y aurait-il à ce sujet une guerre secrète, occulte, entre le Vatican et Israël ?

Revenons à l'abbé Saunière, (dont la maison est devenue aujourd'hui un musée), l'homme des pivots de l'affaire de Rennes, tant par ses prodigieuses dépenses que par ses multiples démêlés avec Monseigneur de Beauséjour, évêque de Carcassonne, et le Vatican lui-même. Il paraît bien être l'arbre qui cache la forêt. De toute façon, avec lui, le mystère rebondit. D'où vient tout cet argent dépensé à gogo et que certains ont chiffré à trois milliards de centimes ? Cet abbé mène une vie de seigneur, monte à Paris, devient, dit-on, l'amant d'Emma Calvé, une grande cantatrice de l'époque, fait restaurer son église, bâtir une splendide villa, la villa Béthanie, avec la tour Magdala, construite à grand frais, et où il reçoit là de grandes personnalités politiques, à tel point que la hiérarchie catholique, alertée par ses dépenses excessives, le fait appeler pour lui demander des explications ...explications qu'il justifiera d'ailleurs assez maladroitement. Mais a-t-il pour autant découvert le trésor ?

Il sera finalement condamné par le tribunal d'Eglise pour 'trafic de messes', version aujourd'hui admise par les sceptiques rejetant tout mystère à l'affaire de Rennes-le-Château, un trafic à grande échelle portant, dit-on, sur des dizaines de milliers de messes jamais célébrées. Ah, bien sûr, si St Roch, au-dessus du tronc, pouvait parler ...

Cela paraît difficilement acceptable quand on sait que l'abbé a dépensé l'équivalent de douze millions de nos anciens francs. Au tarif de un franc cinquante la messe, à cette époque, cela porterait sur des centaines de milliers de dévots, ce qui est totalement impensable. Fort de cela, l'abbé Saunière fait appel et le jugement est cassé par le Vatican. Etrange dénouement, on en conviendra, d'autant que l'Eglise, après sa disparition, mettra tout en œuvre pour, sinon étouffer l'affaire, mais au contraire, faire de ce curé un simoniaque.

Une autre version, bien plus sérieuse celle-là, voudrait que sa soudaine et immense fortune n'ait eu pour origine que la reconnaissance internationale d'initiés intéressés par ses documents, car documents il y a. Et nous y voilà. En restaurant l'autel de son église, Saunière découvre des documents dans le pilier wisigoth. Le premier porte le mot 'sion' inversé, l'autre le monogramme du prieuré. Cette découverte n'est pas le fruit du hasard, car le curé avait reçu en 1885 trois mille francs or de la comtesse de Chambord pour effectuer ses recherches. On comprend toujours très mal la participation de la comtesse de Chambord dans cette histoire, mais beaucoup d'autres personnages importants vont bientôt apparaître dans cette ténébreuse affaire.

Quoi qu'il en soit, l'abbé se rend à Paris et se fait traduire les documents. A partir de là, on se croirait dans un film d'épouvante où des espions à la James Bond joueraient aussi leur rôle. On voit donc le curé, aidé de Marie Desnarnaud, devenue, on le sait, sa servante et amie, creuser des trous dans des cimetières voisins, déplacer des tombes, maquiller des inscriptions sur des dalles et en effacer d'autres, sans savoir que ces textes avaient déjà été relevés par des archéologues locaux. Et pour rester dans l'étrange, signalons que la pierre tombale grattée par l'abbé Saunière est celle de Marie d'Hauptoul, laquelle joue aussi un très grand rôle dans cette histoire. Certes, la tombe a disparu ; on pense qu'elle devait se trouver à l'emplacement de l'actuelle sacristie, mais en examinant la pierre tombale, on se rend compte que l'inscription recèle un nombre anormal d'erreurs et que certains mots y sont tronqués de curieuse manière.

Ce serait là, et grâce à un décodage de ces erreurs sans doute volontaires, une des clés du mystère de Rennes-le-Château. Car en reliant les erreurs, on s'aperçoit qu'elles se coupent à trente-six degrés, ce qui est la mesure de l'angle interne de l'étoile à sept branches et qu'elles forment ainsi un pentagramme sur une bonne carte d'état-major autour de Rennes. Tous ces axes traversent des terrains difficiles d'accès alors qu'avec le cinquième qui mène à Granès, nous parvenons à la fissure d'un aven qui s'ouvre sur un fabuleux réseau de cavernes et de grottes étalées sur plusieurs kilomètres. A cet endroit, en 1645, un berger trouve des squelettes et de l'or. Il en emplit son bonnet, court annoncer la bonne nouvelle aux habitants de Rennes, mais on ne le croit pas et on le lapide.

Pour en revenir à l'abbé Saunière, disons que nous en sommes avec lui au même point qu'avec les roues du char antique dont nous avons parlé. Ce qu'il a découvert n'est qu'une partie du trésor, il reste donc à découvrir la fraction la plus importante, mais il n'est pas le seul à avoir découvert. D'autres, avant lui, s'étaient trouvés dans la même situation.. Mais avant d'aller plus loin, et cela est très important aussi, signalons que dans la région de Rennes, ont été découverts des crânes de la Préhistoire, des sépultures et des squelettes dont l'un d'eux mesurait un mètre quatre vingt quinze et datait de 700 ans avant Jésus-Christ. Et il y avait là des pièces de monnaie, au milieu de poteries, d'amphores et d'urnes de la même époque. Et ces pièces de monnaie étaient en or. On ne compte plus les pièces romaines, arabes ou espagnoles découvertes dans les parages de St Louis, pas très loin de Rennes. En labourant, des cultivateurs ont trouvé tellement de pièces de monnaie qu'ils les vendaient au kilo, tandis qu'au hameau de Souliau, un véritable trésor romain a été mis au jour. Mais ce n'est pas tout.

Près du Bézu, en 1860, un paysan découvre un tas de pièces d'or comme soudées entre elles, si bien qu'avec cette découverte, l'homme a pu s'acheter une ferme et trois cents têtes de bétail : une véritable petite fortune, d'autant que le trésor atteignait les cinquante kilos. On pense que ce trésor appartenait aux Templiers, ceux de Perpignan, qui possédaient, d'ailleurs, les châteaux du Bézu (fin du XIIIe et début du XIVe siècle). Nous avons dit qu'à l'époque gallo-romaine, les Romains avaient exploité là de nombreux filons d'or qui couraient dans le massif du Bézu. Ce sont les Templiers qui ont succédé à ces travaux de mines, ainsi que sur la montagne de Blanchefort. Mais les Templiers, en même temps, ne cherchaient-ils pas autre chose ? Car il est curieux de constater qu'ils avaient fait venir en grand secret de Rhénanie des ouvriers mineurs auxquels il était interdit de parler avec les gens du pays. Alors la question peut se poser : le trésor découvert par l'abbé Saunière provenait-il des Romains, des Templiers ou des Wisigoths ? Il est probable que l'Histoire ne le dira jamais.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, des rochers obstruent le passage, des rochers manifestement placés à cet endroit par une volonté humaine ? Il est doncpossible que BérengerSaunière ait trouvé là une partie du fabuleux trésor, mais ce n'est pas tout. Au centre du pentagramme que nous venons d'évoquer, une tablette de pierre gravée a été découverte en 1928 sur le mont de Coumesourde, et dont les inscriptions paraissent avoir un rapport étroit avec les autres indications recueillies par l'abbé Saunière. Malheureusement encore, Saunière les a effacées.

Revenons à Marie d'Hautpoul. Ce tombeau mentionné au XVIIIe siècle par l'abbé Delmas, avait sur sa face nord une pierre verticale qui portait la devise 'Et in arcadia ego'. Précisons que cette dalle se trouvait sur la sépulture de Marie d'Hautpoul de 1789 à 1895, jusqu'à ce qu'elle fut, elle aussi, effacée par Saunière. Encore de curieuses indications qui se trouvaient sur cette dalle et qui ont intrigué bien des générations de curés de Rennes-le-Château et de la région. Mais Saunière a-t-il découvert tout cela de lui-même ? Non, car son travail de faussaire semble faire suite à ses relations avec l'abbé Boudet, car en réalité, Boudet est le maître et Saunière simplement l'apprenti, le bras et non la tête. Henri Boudet, né à Quillan en 1837, est lui aussi un personnage bien curieux. Il se passionne pour les vieilles pierres, s'intéresse à la topographie des lieux, et particulièrement à la toponymie. C'est un homme intelligent et cultivé, dont les érudits de la région diront (je cite mot à mot) 'qu'il détient un secret qui pourrait engendrer les plus grands bouleversements'. Ses textes sont pourtant truffés d'apparentes absurdités, de jeux de mots, de calembours, de devinettes, d'incongruités sur la topographie et la toponymie de la campagne de Rennes, de Rennes-le-Château mais aussi de Rennes-les-Bains. Mais que détient cette cabale frénétique ?

On prétend que le décodage de ces textes doit se faire en fonction de différentes méthodes : tarots, astrologie, codage astronomique, décompte du temps à la façon des Gaulois. Ainsi en identifiant certaines clés du pays de Rennes nous obtenons un résultat identique avec les deux dalles de la marquise d'Hautpoul que nous avons évoquées. Comme on le voit, le cercle est bouclé. Signalons que l'abbé Saunière n'apprendra le véritable sens du secret de l'abbé Boudet que peu de temps avant son décès, c'est à dire le 30 mars 1915.


Dans cette première partie de l'enquête menée sur Rennes-le-Château, nous avons envisagé les diverses sources matérielles qui auraient permis au curé Saunière d'acquérir son fabuleux magot. Les diverses sources provenant en partie des trésors ramenés par Titus de Jérusalem, et que les Wisigoths emportèrent de Rome en 410 pour ensuite les disperser dans le Razès. Même si les choses vont conjointement, il existe toutefois, d'autres raisons plus délicates qui mettent en jeu l'Eglise et l'Etat.

Nous venons d'évoquer un nom parmi les prêtres qui tournent autour du mystère de Rennes, celui du Cardinal Rospigliosi, qui devint, nous l'avons vu, le pape Clément IX. Cela vaut la peine de fixer un instant le projecteur sur lui. Ce Cardinal, voulant signifier à la Maison de France qu'il connaissait le secret de Rennes - et on constate une fois de plus, que le secret a des racines bien lointaines - commande au peintre Nicolas Poussin une œuvre fidèlement inspirée d'une toile du Guerchin, exécutée en 1620. Mais voilà que Nicolas Poussin exécute deux versions de ces fameux 'Bergers d'Arcadie', deux versions contenant chacune une représentation différente d'un tombeau qui est en quelque sorte le support de l'énigme. Une version se trouve en Angleterre, et l'autre en France, au Louvre. Sur cette dernière, nous avons la représentation frappante du tombeau isolé d'Arques tel qu'il était autrefois. Plus précisément, ajoutons qu'il était situé sur le méridien zéro entre les communes de Peyrolles et de Serres, et qu'il a été détruit en 1793. Celui que l'on pouvait voir par la suite datait du début du siècle, curieusement de la période où les abbés Boudet et Saunière occupaient respectivement les cures de Rennes-les-Bains et de Rennes-le-Château. Tout cela est encore bien embarrassant. L'ancien tombeau, rappelons-le, portait cette curieuse pierre verticale qui fut transportée sur le tombeau de Marie d'Hautpoul et ornée de la fameuse inscription 'Et in Arcadia ego', dont le sens le plus évident, malgré les multiples interprétations qu'elle autorise, serait 'Je suis aussi en Arcadie', allusion faite aux fameux bergers d'Arcadie de la légende.

Est-il possible que Poussin ait peint un tel monument sans avoir eu connaissance de l'original ? Et pour quelles raisons retrouve-t-on dans son tableau - précisément celui du Louvre - un horizon qui, autour du tombeau, est bien celui qui se trouve sur le territoire de Rennes-le-Château ? Et pour quelles raisons encore le mystérieux abbé Saunière se procure-t-il à Paris une reproduction des 'Bergers d'Arcadie' de Poussin ? Et quelle intention pouvait bien avoir le futur pape Clément IX en commandant cette œuvre à Poussin ? Connaissait-il le secret et à qui voulait-il le transmettre ? Curieusement encore, ajoutons que ce tombeau a aujourd'hui disparu : les actuels propriétaires des lieux ne donnent aucune explication. Ce tombeau embarrasserait-il vraiment ? Y aurait-il eu un consensus pour taire sa disparition ?

Il nous faut, maintenant, aller plus loin. Ce méridien zéro, que nous venons d'évoquer, partage la France en deux parties, et passe sur la commune de Rennes-les-Bains. Il est matérialisé par un gnomon dans l'église St Sulpice à Paris, laquelle est bâtie, précisons-le, sur un territoire où furent ensevelis les rois mérovingiens. Nous y voilà ... les rois mérovingiens ! En effet, si les Wisigoths tiennent, on l'a vu, une grande place dans le secret de Rennes, rappelons que la famille royale wisigothique était alliée au roi mérovingien Dagobert II, lequel eut pour fils Sigebert IV, dit Le Plantard, comte de Redhae dans le Razès . Le secret de la cachette wisigothique a très bien pu passer alors aux descendants mérovingiens, auxquels l'Eglise a toujours porté un œil attentif et inquisiteur. ? Et ce sont les parchemins comportant la généalogie de la maison Plantard qui avaient été dissimulés en 1789 par l'abbé Bigou dans un des piliers de l'église de Rennes-le-Château, et qui, de curé en curé, seront un jour découverts par l'abbé Saunière, avec l'aide financière, nous l'avons vu, de la comtesse de Chambord. Jusque-là, tout se tient.

Mais voilà qu'une nouvelle version des faits voudrait qu'il ne s'agisse nullement d'un trésor matériel, mais de l'emplacement de reliques portant sur les attributs sacrés du Saint Empire, dont ceux de l'empereur Constantin, à qui l'on doit la reconnaissance du christianisme comme religion officielle de l'Empire en 332, et que l'abbé Saunière aurait découvert dans la crypte de son église. Thèse farouchement défendue par Henri Buthion, l'ancien propriétaire du domaine de Saunière, et qui, depuis bien des années a eu le temps, dit-il, d'étudier sérieusement la question. Bien entendu, cela n'engage que sa responsabilité, mais si cela est, l'abbé Saunière aurait-il voulu monnayer sa découverte ? L'a-t-il monnayée ? Une fois encore, on remarquera l'intérêt constant, soutenu, que le Vatican continue à porter à Rennes-le-Château. Mais on peut quand même se demander comment ces habits impériaux seraient parvenus jusqu'à Rennes ? Serait-ce par l'entremise de Sigebert IV, le dernier rejeton des Mérovingiens réfugié, pense-t-on, dans la région, et dont le tombeau aurait été découvert par Saunière ? Cela paraît un peu extravagant. Mais concernant les Mérovingiens, il y a plus extravagant encore, lorsque trois Anglais nous annoncent dans un livre dont on connaît l'extraordinaire résonance commerciale1, que Jésus-Christ, n'étant pas mort sur la croix, aurait échappé à ses bourreaux pour venir se réfugier en France dans le Razès et y finir ses jours en compagnie de Marie-Madeleine, avec laquelle il aurait filé le parfait amour ... Qui plus est, de leur union, serait née - tenons-nous bien - la dynastie mérovingienne. Heureux Jésus ! Mon Dieu, pardonnez-leur !

Ainsi, et si cela est vrai, la dynastie mérovingienne deviendrait la seule famille pouvant se prévaloir du droit divin. Suffisant, on le comprend, pour paniquer les plus grandes familles royales d'Europe et, bien entendu, le Vatican, tous n'ayant d'autre solution que d'acheter le silence du curé Saunière, ce qui expliquerait sa fortune subite. C'est gros, d'autant qu'aucune preuve formelle n'est avancée par ces trois chercheurs davantage attirés, a-t-on dit, par les royalties de leur œuvre que par le bien-fondé de leurs recherches, lesquelles comportent des erreurs monumentales quant aux dates et à la chronologie des faits. Il n'empêche que, pour de nombreux adeptes, il n'existe aucun problème : la région de Rennes serait divinisée par le tombeau du Christ enfoui, nous dit-on, dans les égouts de la ville et sous la maison même de Monsieur le maire. Qui plus est, les soucoupes volantes et autres OVNIS assureraient sur la région une garde vigilante depuis deux mille ans. Beaucoup en sont persuadés, mais il est à se demander le lien sacré qui pourrait exister entre Jésus et les habitants de la Grande Ourse, d'Orion ou de Bételgeuse, sans oublier bien sûr les Martiens verts et les P'tits Gris ! Bien entendu, la question reste posée.

Et voilà qu'à tout cela est mêlée la famille des Habsbourg, la famille impériale autrichienne dont l'archiduc Johann de Habsbourg a été, effectivement, reçu en grande pompe à la villa Béthanie par le curé Saunière. C'est tout de même curieux, cette famille impériale qui se déplace à Rennes pour venir s'entretenir avec un simple petit curé de campagne. Etait-ce à cause de Jésus et de sa descendance mérovingienne ? Pas étonnant alors que les Habsbourg puissent, eux aussi, acheté le silence du curé, et cela encore en dehors du Vatican. C'est difficile à croire, et pourtant, dans cette histoire, et Jésus mis à part, les Mérovingiens n'auraient-ils pas eux aussi leur mot à dire ?

Nous sommes confrontés à des secrets d'Etat, à des secrets politiques qui pourraient aussi jeter l'Elysée dans l'embarras. Le fait est que le président Mitterrand, en 1981, juste avant son élection, s'est rendu à Rennes. Avec qui s'est-il entretenu au cours d'un soi-disant repas de bienvenue ? N'oublions pas également que des proches collaborateurs de Mr Mitterrand sont plusieurs fois venus à Rennes et dans ses environs. Mais pour quelles raisons ?

En somme - et on vient de le voir - Rennes-le-Château demeure une sorte de pôle attractif vers lequel convergent bien des histoires politiques, religieuses ou autres.

Nous avons parlé d'un trésor matériel. Certes, le trésor matériel existe et le curé Saunière en a certainement découvert une bonne partie, ce qui expliquerait ses dépenses exagérées. Ensuite, il est possible qu'on ait acheté son silence sur bien des points. Nous avons évoqué le chandelier à sept branches. Nous avons vu que diverses communautés juives sont presque toujours présentes à Rennes-le-Château. Et nous avons évoqué les Mérovingiens. N'oublions pas de rappeler aussi que la famille mérovingienne était alliée à la famille wisigothique. Ainsi, les Wisigoths, qui sont à l'origine de toutes ces choses, auraient très bien pu léguer leurs secrets aux Mérovingiens, dont il reste encore aujourd'hui quelques descendants. Nous avons évoqué les Habsbourg de grandes familles d'Europe ainsi que d'autres communautés religieuses sans oublier le Vatican toujours sous pression et qui continue à conserver un œil inquisiteur sur cette région.

Mais il ne faut pas non plus oublier les diverses sociétés secrètes (francs-maçons, rosicruciens, Templiers et autres) qui se sont toujours intéressées aux mystères de Rennes-le-Château. Et avec elles nous en arrivons au cœur du problème. Avec les Templiers, une nouvelle question va se poser. Avec eux, nous avons un monument de rigueur scientifique indiscutable que nous ne devons pas négliger. Et c'est bien la dernière possibilité que j'ai choisie pour conclure ce dossier. Les Templiers occupent une place très importante dans le Razès et nul ne le contestera. Mais pour aider à une meilleure compréhension du rôle qu'ils ont joué sans notre histoire, voyons d'abord l'église de Rennes. Si vous y allez, un jour, vous ne le regretterez pas.. Que verrez-vous ? Juste en entrant, sous le portail, à gauche, vous verrez un diable supportant un bénitier. Et ce n'est pas pour rien.

Tout d'abord ce diable a un nom : Asmodée, en latin, Ashmadaéva, en hébreu. Et si on traduit l'hébreu, (l'hébreu étant une langue qui se traduit lettre par lettre, chaque lettre ayant une signification particulière).Nous obtenons littéralement 'gardien de trésor'. Si on consulte la Bible, on apprend que Ashmadaéva était, en effet, le gardien du trésor du temple de Salomon. On en a d'ailleurs découvert la statue, en quelque trois mille morceaux, qu'on essaye actuellement de restaurer. Nous avons donc cette statue au départ et à l'arrivée du cheminement dont nous avons parlé, depuis Jérusalem, l'Italie, le pays des Corbières et Rennes-le-Château, mais le diable de Rennes est assez récent. Il date à peu près du début du siècle, ce qui nous indique bien que le symbole n'était pas complet et qu'il fallait qu'il le soit.

Et ce n'est pas tout, vous remarquerez qu'il a un mamelon bien plus bas que l'autre et qui est caché par les plis du manteau. Nous avons donc une dissymétrie dans les mamelons. On peut ensuite remarquer une côte entaillée d'un centimètre sur toute sa longueur. Nous avons là, symboliquement représentés, deux lieux bien connus situés dans la Vallée : le mamelon du diable et la côte du diable. Chose curieuse c'est presque toujours là que l'on va pour chercher et fouiller. On trouve ou on ne trouve pas, peu importe. Mais en réalité ce ne sont pas deux, mais six points importants qui sont à considérer et tous équidistants, si bien qu'en réunissant à l'église centrale, chaque lieu par une droite, nous formons une étoile à six branches, en d'autres termes l'étoile de David, le père de Salomon. Ce dernier en hérite, et l'étoile de David devient le sceau de Salomon Et le roi Salomon met son empreinte en ces lieux du fait qu'il devient possesseur des mines d'or et de cuivre de la région de Carcassonne. Car il faut bien rappeler que 'les mines du roi Salomon' n'étaient pas situées qu'en Afrique, et que le roi Salomon avait déjà, à cette époque-là, main mise sur toutes les mines d'or et de cuivre du bassin méditerranéen.


Je me suis un jour intéressé à ces lignes qui partaient dans des directions bien déterminées, à cette étoile à six branches que je viens d'évoquer. Sur plan d'abord et sur terrain ensuite, j'ai voulu savoir où toutes ces lignes aboutissaient. Cela m'a demandé beaucoup de temps avec bien des kilomètres à parcourir, c'est évident mais le travail en valait la peine. Et sur quoi aboutit-on ? Eh bien sur six vestiges templiers, croix templières à la croisée des chemins, commanderies ou chapelles templières en ruines ou pas, fondations encore existantes en certains endroits mais jamais en dehors du point, toujours en plein milieu. Une fois, deux fois, on pourrait peut-être parler de coïncidences, mais c'est trop géographiquement et trop mathématiquement précis pour que ce soit le fruit du hasard. Nous avons donc là un aboutissement très important : les Templiers. Car ceux-ci, même encore aujourd'hui, ont toujours été intimement liés au Temple et à Salomon. Ce sont eux qui sont au bout du chemin, au bout de la route. Ce sont eux qui, à Rennes le Château et dans les environs, marquent encore leurs positions depuis des siècles.

Revenons à ce petit diable que nous venons d'évoquer et précisons aussi que ce démon, cet Asmodée, n'est autre qu'un baphomet, une mystérieuse statuette intégrée à la vie des Templiers. Reprenons l'histoire : nous avons évoqué le temple de Salomon, parlé de son trésor fabuleux amené à Rome par les armées de Titus et dont les Wisigoths se sont emparés lors du pillage de Rome le 24 août 410 de notre ère, de ce trésor enfin disséminé dans une partie du Razès et ensuite jusqu'en Espagne, à Tolède. Mais pourquoi n'a-t-on jamais parlé de l'Arche d'Alliance ? Les Templiers prétendent l'avoir découverte sur les ruines du temple de Salomon et l'avoir amenée en France en 1128, coffre mythique dont les dimensions furent dictées à Moïse, d'après la Bible, par Dieu au sommet du mont Sinaï. L'Arche d'Alliance contiendrait les Tables de la Loi et elle pourrait être apparentée au Graal, c'est-à-dire qu'elle posséderait toutes les réponses aux questions que l'Homme peut poser. En réalité, l'Homme ne peut poser que cinq questions : Qui ? Quand ? Où ? Pourquoi ? Comment ? La 6° n'existe pas. La réponse à ces questions concerne la véritable nature de Dieu, le grand secret de l'Univers, le rôle joué par l'Homme sur Terre comme dans toutes les autres parties de l'univers, c'est la réponse au secret de la vie et de la mort, et à tout ce qui est encore interdit à l'homme de connaître. Et l'on comprend l'intérêt porté à cette Arche d'Alliance que les Templiers prétendent avoir découverte.


Si l'on en croit cette version des faits, serait-il alors possible que l'Arche d'Alliance puisse, à son tour, jouer un rôle important dans les secrets de Rennes-le-Château ? L'Eglise se pose la question, et nous ne pouvons que nous la poser aussi. Dans cette recherche nous avons passé en revue toutes les possibilités, toutes les racines politiques, religieuses, ou autres, qui se rattachent de près ou de loin aux secrets du Razès, et en particulier de Rennes-le-Château. L'une de ces versions est la bonne, à n'en pas douter, mais quelle qu'elle puisse être, elle dérange le Vatican et place la religion chrétienne en une fâcheuse position.

Et c'est là le point sensible, car si on part du principe qu'il n'y a que les vérités qui dérangent, on comprend alors le retour en force du Vatican ; au cours de l'été 2001. Les faits sont significatifs. Voyons-les.

Cela a commencé en mars 2001 avec l'arrivée, aussi discrète que possible, d'une équipe italienne et américaine venue à Rennes-le-Château pour y effectuer des sondages dans l'église, laquelle sera même fermée au public pendant plusieurs heures. Le soir même, la chaîne italienne TMC diffuse un reportage sur le sujet dans son émission Stargate. Ainsi, l'affaire démarre. Mais quelle affaire ?

Disons tout d'abord que l'équipe américaine venue en repérage sur la commune, avait déjà, en divers endroits du globe, utilisé des moyens révolutionnaires qui avaient permis, par exemple, de découvrir des sarcophages dans la pyramide de Kheops, en Egypte. Ces moyens, précisons-le, permettent de faire passer une sorte d'échographie à la matière. Par ce procédé, on peut alors découvrir des objets enfouis dans le sol ou dissimulés derrière un mur épais. A Rennes-le-Château, l'équipe américaine aurait décelé une sépulture antérieure au Ve siècle de notre ère, probablement une tombe wisigothique quand on sait qu'à partir de l'an 400 la région de Rennes-le-Château a été occupée par les Wisigoths .

Rien d'étonnant dans cette découverte qui ne faisait que confirmer celles réalisées au siècle dernier par des archéologues auxquels on doit d'avoir retrouvé dans l'église, un autel, un socle et des dalles datant du Ve siècle. Ces choses-là, précisons-le, sont exposées au musée du village. Doit-on porter crédit à ces recherches ? Sommes-nous confrontés à une nouvelle école de chercheurs de trésors ? Quoi qu'il en soit, l'équipe paraît solide avec quatre archéologues de la Fondation Meryl, une Fondation qui, depuis San Francisco, finance des travaux un peu partout dans le monde, et enfin le professeur Eisenemann qui se trouve être, nous dit-on, l'un des plus grands archéologues chargés de l'étude des manuscrits de la Mer Morte.

A cette équipe s'ajoutent, dépêchés par le Vatican, deux théologiens et une théologienne, le docteur Serena Tajé, que l'on dirait plutôt sortie d'un studio d'Hollywood que d'un couvent pour jeunes nonnes effarouchées, si l'on en juge par les canons de sa beauté qui n'ont rien à voir, comme on s'en doute, avec ceux de l'Eglise.

Et voilà tout ce personnel au travail pour soi-disant mettre au jour un mystérieux coffret enfoui sous les fondations de la Tour Magdala. Et qui dirige les travaux ? Tout simplement le descendant américain d'un homme qui aurait aidé l'abbé Saunière, dont nous avons beaucoup parlé dans cet ouvrage, à enterrer ce fameux coffret. Le coffret a été repéré par les sondages échographiques, ainsi que l'existence d'une crypte murée de 2,5 mètres.

Bien entendu, cela enthousiasme les chercheurs, et le professeur Barattollo, lui-même, ira jusqu'à dire " nous sommes à la veille de découvrir l'acropole de la civilisation gauloise ". A partir de là, tout est permis, on pense trouver les fondations d'un temple romain et, plus en dessous, les vestiges d'un sanctuaire celtique. On nage dans l'euphorie et l'aspect de la découverte s'annonce capital sur le plan de l'Histoire de la civilisation. Mais attention, la pulpeuse théologienne veille au grain et déclare, d'après Le Figaro Magazine du 7 juillet 2001 et La Dépêche du Midi du 18 juillet 2001 : " Je suis missionnée par l'Eglise pour détruire tous documents compromettants que nous pourrions trouver. "

Nous sommes en pleine hérésie. On a l'impression, tout à coup, de revenir au Moyen Age et au temps des bûchers. Mais il y a aussi de quoi rallumer notre flamme, à nous chercheurs de bonne foi, devant les questions que nous nous posons. De qui se moque-t-on ? En supposant que cette découverte fasse vaciller l'Eglise sur son piédestal, on s'empressera donc, et très vite, d'écarter de la connaissance populaire les " révélations " attendues. On ne s'en étonnera pas tellement quand on saut que le professeur Eisenemann était chargé de l'étude des Ecrits de la Mer morte, et que la connaissance de ces documents n'a été que partiellement livrée au public, les plus compromettants pour l'Eglise ayant été soigneusement mis au secret par le Vatican.

Mais à Rennes, de quels secrets s'agit-il ? Tout nous renvoie au personnage de l'abbé Saunière qui a joué, rappelons-le, un grand rôle dans cet ouvrage. Le petit curé de campagne, on l'a vu, a entretenu des relations avec l'aristocratie européenne de son époque, les familles de Chambord, celles des Habsbourg. Quant à ses dépenses somptuaires pour bâtir le domaine, cela demeure encore bien mystérieux.

Et voilà qu'aujourd'hui nous apprenons que le coffret découvert à la Tour Magdala a été caché par le curé et son complice, un nommé Génibrel, un maçon autrefois employé à la construction de cette tour (entre 1887 et 1890). Mais alors, que contient ce coffre ? Des papiers, des documents remettant en cause l'Histoire de l'Eglise ? Comme l'a d'ailleurs laissé entendre l'adorable Serena Tagé : " Le coffre pourrait, a-t-elle dit, contenir des documents susceptibles d'apporter des éclaircissements sur le mythe fondateur de l'Eglise 2". Et d'ajouter " que cela pourrait être un signe tangible de la présence en ce lieu du juge de Jésus, Hérode Antipas, qui s'arrêta en compagnie d'une certaine Marie la Magdaléenne ".

Et on a aussi parlé d'un Christ " ressuscité " qui, ayant échappé aux persécutions juives, aurait débarqué en France sur le littoral méditerranéen avec les saintes Maries, et dont le voyage se serait achevé à Rennes-le-Château où il aurait été inhumé dans le plus grand secret. Nous en avons parlé. Que devra-t-on retirer de ces filandreuses et stupéfiantes idées colportées par les rumeurs les plus folles, lorsque le coffre sera ouvert ? Tout ou rien. Mais certainement rien ...ou si peu. Ce que nous apprendrons ne sera que le pâle reflet de la réalité, d'une réalité embarrassante qui ne pourra que s'ajouter à celles qui encombrent déjà les rayons de la bibliothèque secrète du Vatican.

Je l'ai dit, le secret de Rennes le Château n'est pas un mythe, il existe réellement et il est à découvrir parmi les différentes versions que j'ai proposées dans cette enquête. Mais ce qui est à déplorer c'est la façon dont on l'utilise soit par l'ampleur qu'on lui donne, ou, pour être plus précis, par la démesure que l'on apporte souvent à des faits qui, non seulement, masquent la réalité, mais détournent en même temps l'intérêt des curieux. Et cela aussi à des fins commerciales, touristiques qui font de Rennes le Château et des ses environs un véritable " miroir aux alouettes "

Vous qui irez peut être un jour à Rennes n'espérez pas y découvrir la vérité, elle est trop bien cachée et si vous vous montrez un peu trop intéressé, on se chargera vite de vous rappeler à l'ordre.

Bien sûr, nous avons la réconfortante parole de Jean-François L'Huillier, le maire de Rennes-le-Château, dans son communiqué de presse du 29 juillet 2001 : " Le respect de la loi républicaine, dit-il, et la défense de notre patrimoine historique et culturel, sont à mes yeux des impératifs. Je compte sur l'aide de tous pour les faire appliquer et respecter. " Ah, les bonnes paroles ! Parler de lois républicaines quand on est un monarchiste convaincu et ouvertement déclaré, cela paraît curieux. Mais à Rennes-le-Château, tout n'est-il pas drôle et curieux ?

Ainsi en a-t-il toujours été, ainsi en est-il, et ainsi en sera-t-il. Amen.

1 L'Enigme Sacrée
2. La Dépêche du Midi, 18 juillet 2001